On craint l’opinion publique, on craint de ne pas réussir, de ne pas se réaliser, de manquer une occasion ; et tout cela baigne dans cet extraordinaire sentiment de culpabilité, on a fait une chose qu’il ne fallait pas faire ; ce sentiment de culpabilité est présent au cœur même de nos actions ; on est riche et d’autres sont pauvres et en mauvaise santé ; on a de quoi manger et d’autres n’ont rien à manger. Plus l’esprit se pose de questions, plus il cherche à pénétrer, à explorer, et plus grand est le sentiment de culpabilité, d’angoisse. La peur est cet élan qui nous pousse à chercher un maître, un gourou ; la peur, c’est ce vernis de respectabilité, ce à quoi nous tenons tant : être respectable. Êtes-vous décidé à être assez courageux pour affronter les événements de la vie, ou allez-vous éluder la peur à grand renfort de rationalisations, ou trouver des explications qui satisferont un esprit prisonnier de la peur ? Comment en venir à bout ? Est-ce en allumant la radio, en lisant un livre, en allant au temple, en vous raccrochant à un dogme, à une croyance ?
La peur est, en l’homme, l’énergie qui détruit. Elle
flétrit l’esprit, elle gauchit la pensée, elle conduit à toutes sortes
de théories extraordinairement habiles et subtiles, de superstitions, de
dogmes et de croyances. Si vous voyez que la peur est destructrice,
alors comment allez-vous vous y prendre pour en effacer toute trace dans
votre esprit ? Vous dites que fouiller les racines de la peur vous en
libérerait. Mais est-ce bien exact ? Essayer d’en découvrir les causes
et d’en connaître l’origine ne suffit pas à éliminer la peur. J KRISHNAMURTI