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jeudi 31 mars 2011

LA FLAMME DE L'ATTENTION

LA FLAMME DE L'ATTENTION

Les formes les plus dépouillées des enseignements mystiques de tous les temps ont mis en évidence l’importance de l’attention. Ceci a été souligné plus particulièrement dans le Bouddhisme
Le Ch’an chinois et le Zen qui en sont des émanations insistent également sur l’importance d’une prise de conscience infiniment plus profonde et plus claire que celle qui nous est familière. Il s’agit d’une perception globale immédiate complètement affranchie des automatismes de la mémoire et des habitudes mentales. Il a été déclaré dans le « Dammapada » que « La vigilance et la lucidité sont les voies de l’immortalité. La négligence est la voie de la mort. Les négligents sont déjà comme s’ils étaient morts. Les vigilants ne meurent pas ».
La méditation véritable requiert une qualité d’attention très différente de celle qui nous est familière. Elle est différente par sa profondeur, par sa sérénité, par le silence de la pensée, par l’absence du défilé habituel des images et mots par l’intensité de son dynamisme, par l’absence complète — sur le plan psychologique — d’une identification à celui qui est attentif.
Mais « qui » est attentif lorsque toutes les habitudes mentales, tous les choix, toutes les répulsions, tous les automatismes mentaux de l’ego sont absents ? Et d’où émane la prodigieuse intensité d’énergie qui se révèle lors d’un silence intérieur véritable (qui ne résulte plus d’une volonté de l’ego) ?
Un livre récent de Krishnamurti vient d’être publié en anglais et s’intitule « The Flame of attention ». La lecture attentive de cet ouvrage est exceptionnellement riche d’enseignements pour tous ceux qui s’engagent réellement dans une exploration intérieure se situant au-delà des spéculations intellectuelles, des théories, des images et des mots.
L’ouvrage est inspiré par l’expérience d’un état d’être dépassant les conditionnements habituels de la pensée et des tensions conflictuelles de l’ego. Il s’agit en fait de l’Etat suprêmement naturel où se révèlent l’ordre, la clarté ainsi qu’une qualité supérieure d’intelligence dépassant les limites et le caractère mécanique de nos opérations mentales. Le vécu de cet état d’être naturel constitue la seule solution durable aux souffrances humaines, aux conflits qui déchirent l’humanité.
Krishnamurti pose la question que se sont posés tous les êtres humains de tous les temps qui se sont penchés sur les grands problèmes de la mort, de la cruauté, du bonheur, à la lumière d’une méditation profonde. Celle-ci pourrait nous révéler, en dépit du désordre général qui caractérise le monde extérieur et la vie intérieure des êtres humains, l’existence d’un ordre universel auquel il nous serait donné de participer. Krishnamurti déclare à ce sujet (p. 30) : « L’univers n’a pas de cause… Il existe. Ceci est un fait scientifique ».
Nous voyons immédiatement le niveau auquel se situe Krisnamurti. Il est important de signaler que l’évolution récente des sciences a mis en évidence l’existence, dans le comportement de l’Univers de processus complètement différents de ceux conçus par les partisans du hasard (J. Monod) ou du strict déterminisme (E. Schoffeniels). Nous avons insisté sur l’importance de cette vision nouvelle dans notre essai « Au-delà du hasard et de l’antihasard ». Cette vision a été depuis, confirmée aussi bien par des astronomes comme Hubert Reeves que par des physiciens comme Henri P. Stapp de l’Université de Berkeley, que par Edgar Morin ou le Prix Nobel Ilya Prigogine. Pour Krishnamurti, la réalité fondamentale de l’univers — qui est par conséquent celle des êtres humains est un champ de pure conscience sans cause, l’ordre sans cause, l’amour sans cause. Mais Krishnamurti ne cherche pas à faire autorité de ce que lui révèle une expérience intérieure constamment renouvelée. Il attire notre attention sur le fait que nous sommes complètement prisonniers d’un mode de vie conditionné par la causalité, par le mécanisme rigide de la cause et de l’effet. Il s’agit là d’un processus linéaire, horizontal, entièrement prisonnier du temps, de la durée, de la continuité de la conscience.
Krishnamurti nous suggère l’approche d’un processus de vie intérieure, dégagée des conditionnements du temps, de la mécanicité, de la linéarité, de cette marche « stérile qui va du connu au connu », où tout n’est que répétition, mémoire, calcul, intérêt, avidité de devenir, de posséder, de dominer.
Il déclare à ce sujet (p. 30) : « Vous pouvez découvrir la cause de votre anxiété, la cause de votre solitude, vous pouvez découvrir toutes ces causes, mais l’analyse ne vous délivrera jamais de la causalité. Toutes vos actions sont basées sur la récompense ou la punition, aussi subtile que soit la causalité. Pour comprendre l’ordre de l’univers qui est sans cause, est-il possible de vivre dans la vie quotidienne sans aucune cause ? Ceci est l’ordre suprême ».
Il n’est pas inutile d’insister ici sur l’élévation de pensée exceptionnelle ou se situe Krishnamurti. Un abîme existe entre le niveau habituel de nos violences, de nos attachements, de nos avidités, de nos intérêts et le rythme d’une vie suprêmement naturelle, sereine, vécue dans la gratuité, la spontanéité, entièrement dégagée des revendications et des mesquineries de l’ego.
Et c’est pourtant à ce niveau que se situent tous les sages et les « Eveillés » de tous les temps.
La compréhension de l’extrait que nous venons de traduire de l’anglais pourrait peut-être s’éclaircir si nous remplacions le mot « cause » par le mot « but ». Nous mesurions alors plus aisément l’abîme qui nous sépare par rapport au niveau de « l’état suprêmement naturel ». Ce climat se trouve évoqué dans la sagesse indienne dans la notion de « Lila ». Dans cette optique, « l’Univers » serait l’expression d’un « Jeu cosmique » complètement dégagé des notions de « but » et de « cause » qui nous sont familières.
Un immense réajustement nous est donc nécessaire afin d’admettre et de comprendre le niveau auquel se situe Krishnamurti lorsqu’il évoque la possibilité de vivre intérieurement libre de la causalité, tout en poursuivant une vie normale dans le monde extérieur. C’est d’ailleurs ce qu’il évoque sous une autre forme d’expression quand il nous suggère de « vivre dans le connu en étant disponible à l’Inconnu. Les Maîtres du Ch’an et du Taoïsme utilisent un langage semblable, admirablement résumé dans l’expression de Wei Wu Wei qui nous suggère de vivre « nouménalement parmi les phénomènes » (Wei Wu Wei, All else is bondage, Hong Kong University Press).
Nous trouvons un climat semblable dans les célèbres versets indiens du Yoga Vashishta. Ceux-ci ont le mérite de montrer qu’il n’existe aucune incompatibilité entre la réalisation de ce qu’ils appellent « l’état transcendant sublime » et les exigences de la vie concrète. Ces versets démontrent également l’erreur de ceux qui prétendent que l’état « sans égo conduirait à l’inaction ».
Nous ne pouvons résister au désir de reproduire quelques-uns des fragments les plus intéressants du Yoga Vashishta :
« De noble conduite et plein de bienveillante tendresse, te conformant à l’extérieur aux conventions, mais à l’intérieur libéré d’elles, agis en te jouant dans le monde, ô Raghava !
Percevant l’évanescence de toutes les étapes et expériences de la vie, demeure résolument dans l’état transcendant sublime, et agis en te jouant dans le monde, ô Raghava !
Extérieurement zélé en l’action, mais libre en ton cœur de tout zèle, actif à l’extérieur mais à l’intérieur paisible, travaille en te jouant dans le monde, ô Raghava ! »
Ce qui précède s’adresse de toute évidence à ceux qui se sont déjà profondément engagés dans l’exploration intérieure. Dans la négative, certains seraient en droit de supposer que ces fragments sont contradictoires et comportent même une part d’hypocrisie. Nous avons été parfois témoins de telles réactions, qui résultent de l’identification unilatérale et excessive à l’aspect extérieure des choses ainsi qu’à l’égo.
Telle sont les raisons pour lesquelles Krishnamurti insiste sur la méditation. Il déclare à ce sujet (p. 30) : « Il est immensément important de connaître et de comprendre la profondeur et la beauté de la méditation. L’être humain a toujours demandé, depuis des temps immémoriaux, s’il existait quelque chose au-delà de toute pensée, au-delà de toutes les inventions romantiques, au-delà du temps. Y a-t-il quelque chose qui soit au-delà de toute cette souffrance, au-delà de tout ce chaos, au-delà des guerres ? Y a-t-il quelque chose de sacré, suprêmement pur, qui n’est pas touché par la pensée ? Ceci a été la recherche de toutes les personnes sérieuses depuis les temps les plus anciens. Pour découvrir cela, la méditation est nécessaire. Non la méditation répétitive qui est extrêmement sans signification.
Il existe une énergie créatrice qui est authentiquement religieuse lorsque l’esprit est libre de tout conflit, de toute l’agitation de la pensée.
Il y a une réalité originelle, un terrain originel (an original ground, dans le texte anglais) dont émane toute chose, Et la méditation consiste en l’accès à ce fondement fondamental qui est l’origine de toutes choses et qui est libre du temps. Ceci est la voie de la méditation. Et béni est celui qui le découvre ».robert linssen

mercredi 30 mars 2011

LES SIX VERS DE VAJRA.PADMASAMBHAVA


LES SIX VERS DE VAJRA.PADMASAMBHAVA

Bien que les phénomènes apparaissent très divers,
La nature de cette diversité est non duelle
Et de toutes choses individuelles
Aucune ne peut se ramener à un concept fini.

Mais chacun, dans son propre état,
Est au-delà des limites de l'esprit.

En évitant le piège de dire :
"C'est comme ceci " ou " c'est comme cela ",
Il apparaît clairement que toutes formes manifestées
Sont des aspects de l'infini sans forme et,
Étant inséparables de lui, sont parfaites en soi.

Il n'y a aucun concept
Qui peut définir l'état "ce qui est"
Mais la vision néanmoins se manifeste : tout est bon.

Voyant que toutes choses
Sont parfaites en soi depuis l'origine,
On abandonne la maladie de s'efforcer
Sans cesse vers un but
Et, demeurant simplement dans l'état naturel non modifié,
La présence de la contemplation non duelle

S'élève spontanément.

mardi 29 mars 2011

Bienvenue au Secret Ouvert


RIEN À VENDRE

Le Secret Ouvert ne peut que pointer vers la simple merveille d’être et seulement chercher à mettre en lumière la futilité de déployer tout effort en ce sens. Il n’accepte ni ne rejette les enseignements de voies ou de processus spirituels, mais il dévoilera sans compromission le malentendu singulier et fondamental sur lequel se fonde la croyance qu’il existe quelque chose nommé un chercheur qui a besoin de trouver quelque chose d’autre, appelé illumination.

Le Secret Ouvert ne fait pas de compromis avec les besoins et les attentes du chercheur. Pas plus qu’il ne tente d’attirer ou de séduire avec les promesses d’une expérience de libération facile et agréable. Qui pourrait promettre cela et qui en ferait l’expérience ?

Parce que l’idée d’un libre-arbitre et d’un choix individuels est considérée comme un rêve illusoire, il n’est aucun projet, aucune intention visant à aider ou à changer l’individualité. Pour ce qui concerne l’individu apparent, il n’y a ici rien à vendre.

Le sentiment d’être un individu séparé semble très réel. Il affecte tous les aspects de l’expérience apparente. C’est un état de contraction de l’énergie qui s’incarne et engendre avec lui un sentiment d’insatisfaction et de manque. Il peut s’accompagner d’une impression tenace de se sentir indigne et d’avoir perdu quelque chose d’indescriptible. C’est comme si le « moi » résidait dans les limites du corps et voyait tout ce qui est au-dehors comme quelque chose d’autre avec lequel il faille négocier. À partir de ces expériences, naît une compulsion à rechercher constamment un réconfort ou une libération. C’est le rêve de l’individualité, qui semble réel jusqu’à qu’il en soit autrement.

Le « moi » cherche la paix et la complétude, l’amélioration de soi ou la pureté, la présence ou le détachement. Le « moi » cherche la clarté ou toute formule qui fournira au « moi » ce qu’il pense vouloir ou ce dont il pense avoir besoin. Mais le « moi » obtenant ou n’obtenant pas ce qu’il souhaite n’est pas le dilemme. Le dilemme, c’est l’apparent « moi ».

Nulle quantité d’effort, de processus, de clarté ou de croyance ne peut jamais rien apporter d’autre que plus de « moi » cherchant ce que le « moi » ne peut ni avoir ni connaître.
La suggestion selon laquelle la séparation n’est qu’une pensée ou qu’une façon de voir les choses, surgissant et se dissipant au sein même de la présence, est une idée initialement attrayante pour le chercheur qui rêve d’une solution facile qui ne soit pas menaçante pour la personne et qui apporterait un bonheur permanent. Les pensées de séparation ne sont que des histoires individuelles gravitant autour d’un état initialement installé : celui de se sentir limité et séparé. Si la séparation n’était qu’une pensée ou qu’une croyance, elle pourrait être percée à jour ou changée en son opposée, et alors « BINGO », il y aurait libération… n’est-ce pas ?

De tels messages idéalistes s’accompagnent souvent d’une insistance sur l’idée que la séparation est « sans problème », car il n’y a jamais qu’unicité. C’est comme dire à un aveugle que la cécité est « sans problème » puisque tout ce qu’il y a est vison sans personne pour voir. Bien sûr qu’il n’est qu’unicité. Mais ce qui surgit apparemment au sein de l’unicité est un profond sentiment de séparation qui ne donne pas du tout l’impression d’être « sans problème ».

Ces notions conceptuelles ne parlent que de symptômes sans reconnaître la source du dilemme apparent qui infiltre chaque parcelle du sentiment de séparation.

En essence, ce qui est poursuivi, c’est l’amour. Mais il s’agit de l’amour qui est absolu, embrassant tout et éternel ; cet amour qui submerge tout et dont beaucoup ont eu un aperçu. Je tente de le décrire dans Le Secret Ouvert lorsque, semblant traverser un parc, je ne fus soudainement plus personne. Ce n’était pas une expérience, car soudain il n’y avait plus personne pour la faire. Ce fut un aperçu sans personne pour apercevoir. Je suis ensuite revenu en tant que « quelqu’un » et ai tenté encore et encore de redécouvrir cet amour inconditionnel que je ne pouvais connaître.

C’est cet amour qui est évoqué dans la littérature, la musique et l’art. Les histoires d’amour les plus fascinantes sont celles d’un amour non partagé car elles pointent vers cet amour absolu que l’individu ne peut embrasser. La puissante fascination de tomber amoureux provient du sentiment, remontant du fond des âges, que dans cet amour on pourrait se perdre. C’est cet amour sans borne qui se loge dans toutes nos attentes. Il est la plénitude dans le vide, le tout dans le rien. C’est l’amour inconditionnel qui apparaît aussi comme son opposé. Merveilleusement, c’est aussi cet amour même qui chante en nous à travers nos sens et en chaque parcelle du jaillissement de la vie.

La libération est un mot utilisé pour décrire un apparent affranchissement de l’illusion de se sentir emprisonné et tenu hors de l’amour ou de l’unicité. Ce glissement est essentiellement une libération d’énergie hors de la contraction, conduisant à l’illimité.

Partout et chaque fois qu’il y a partage profond et sans compromission du très réel paradoxe d’être, une résonance tangible peut émerger. Dans cette ouverture, il peut y avoir une libération de la contraction menant au sans limite et ce qui advient est la merveille de simplement être.

Tony Parsons - Novembre 2008

AVADHUTA GITA


Avadhuta Gita
Oui, la pensée est semblable au ciel,
Oui, elle est sans limites,
Elle a tout franchi, elle est toute chose,
Mais la pensée n’existe pas,
Du point de vue de la réalité ultime.
L’Esprit, qui seul est partout sans cesse,
Jamais ne s’interrompt.
“Je suis celui qui médite, l’Ultime est ce qu’il faut méditer,”
Comment diviser ainsi l’indivisible ?
Tu n’as ni naissance ni mort,
Jamais tu n’as été ce corps.
“Tout est esprit”, c’est ce que disent partout,
De multiples façons, les Ecritures.
Ni naissance ni mort ni pensée pour toi n’existent,
Non plus que servitude et libération,
Bien et Mal.
Pourquoi donc gémir, mon enfant ?
Les Ecritures disent toutes que la Réalité
Est immatérielle, pure, immuable,
Sans corps physique, partout égale.
Je suis cette Réalité, sache-le, sans nul doute.
Ce qui a une forme est irréel, sache-le,
Seul le sans-forme est éternel.
C’est par la transmission de cette vérité
Qu’on ne connaît pas de renaissance.
Que signifie l’unité pour le non-être ?
Et que signifie l’unité pour l‘être ?
Être ou ne pas être, que signifie cela pour l’unité,
Si tout n’est que liberté ?
En vérité c’est en toi, et par ce que tu es,
Que tu remplis totalement toute chose.
Tu n’es ni celui qui médite ni la méditation, ni la pensée.
Comment méditer alors sans rougir ?
Je ne suis pas la Réalité, la Réalité est partout égale,
Rien ne l’incite à prendre forme.
Sans personne pour percevoir, sans rien à percevoir,
Comment être son propre objet de connaissance ?
Rien ne t’affecte, égale en toute chose est la Réalité,
Immatérielle, sans naissance, immuable.
Comment parler d’illusion, à propos de l’Esprit ?
Et comment dire encore : je suis dans l’illusion ?
Il n’est ni jarre ni espace contenu dans la jarre.
il n’est ni âme ni forme de l‘âme.
Vois clairement que seul existe l’Esprit,
Qu’on ne peut ni connaître ni faire connaître.
En tout lieu, à tout instant, tout est Esprit
Éternellement immuable,
Tout est vide et plein.
Sache que je suis cela, sans nul doute.
Ni Veda ni Mondes ni Dieux ni Sacrifices n’existent,
Ni castes ni conditions sociales ni famille ni race n’existent,
Ni voie obscure, ni voie lumineuse n’existent,
La réalité ultime a pour forme unique l’Esprit.Certains inclinent à la non-dualité,
D’autres à la dualité.
Mais nul ne trouve la réalité égale en toute chose,
Qui n’est ni duelle ni non-duelle.
Ce que je fais, ce que je mange,
L’offrande que je verse, ce que je donne,
Rien de tout cela n’est à moi :
Rien ne m’affecte, je suis sans naissance,
Immuable.
Tout de cet univers m’apparaît n‘être rien.
Tout n’est qu’Esprit.
Que signifie appartenir à une caste, à un état ?
En effet, il n’existe pas de corps matériel,
Pas plus qu’immatériel.
En vérité, tout n’est qu’Esprit.
Que signifient les trois états de la conscience, et le quatrième ?
Je ne suis ni enchaîné ni libre,
Je ne suis pas différent de l’Esprit.
Je ne suis ni l’acteur ni le bénéficiaire,
Je ne suis pas plus présent qu’absent.
Je n’ai ni maître, ni enseignement,
Ni attribut ni action.
Sache que l’espace est immatériel.
Je suis pur par ce que je suis.
Tu es pur, tu n’es pas ce corps
Tu n’es pas la pensée.
“Je suis Esprit, réalité ultime”,
Tu n’as pas à rougir de le dire.
Connaître, ce n’est ni raisonner ni méditer,
Ce n’est ni affaire de temps et d’espace, ou
D’enseignement du maître.
Je suis pas nature toute-connaissance,
Réalité pareille au ciel, innée et immuable.
Je ne suis ni naissance ni mort,
Ni action bonne ou mauvaise.
L’Esprit est pur et sans forme.
En quoi servitude et libération me concernent-elles ?
Le monde m’apparaît tout entier
Dans son unité infrangible.
Oh ! La puissance d’illusion de la Magicienne
Qui a façonné dualité et non-dualité !
Tu n’as ni mère ni père, ni parent,
Pas plus qu‘épouse, enfant, ami,
Ni adhésion ni refus :
Pourquoi cette souffrance dans la pensée ?
Je ne suis ni l’acteur ni le bénéficiare,
Pour moi il n’y a d’action ni passée ni présente,
Pour moi il n’y a ni corps physique ni corps immatériel,
Pourquoi dirais-je : ceci est à moi, cela n’est pas à moi ?
Devoir, richesse, désir, libération,
Monde animé et inanimé, hommes,
Les sages considèrent tout cela
Comme un mirage.
Ni dans le passé, ni dans l’avenir, et ni non plus dans le présent,
Je n’accomplis d’action,
Je ne suis le bénéficiaire de rien,
Telle est ma pensée profonde.
Que je sois libre de mes sens ou ne le sois pas, qu’importe ?
Ni volonté, ni discipline n’ont pour moi d’existence.
Comment alors, Ô mon amie, parler de victoire ou de défaite ?
Ma nature est béatitude, je suis libre.
Je ne suis pas fou, je ne suis pas sage,
Je ne suis jamais astreint à observer ou à briser le silence.
Comment puis-je émettre un doute ou un avis ?
Ma nature est béatitude, je suis libre.
Sois certain que rien ne me trouble,
Sois certain que je suis au-delà de l’espace et du temps,
Sois certain qu’aucune émotion ne m’habite.
Ma nature est béatitude, je suis libre.
Quand il n’y a plus rien, plus rien, à rechercher,
Il n’est plus rien, plus rien, à désirer.
C’est immergé dans la perception de l‘égalité des choses,
C’est concentré et purifié
Que l’Avadhûta dit la réalité ultime.
Ni espace dans la jarre, ni jarre,
Ni corps ni âme,
Nulle répartition entre cause et effet,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?
Nulle distinction entre unité et division,
Nul effort pour réunir extérieur et intérieur,
Sans amis ni ennemis, Cela est partout le même,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?
Ni incarné ni désincarné ne jouent,
Comment pourrais-je provoquer une action de vie ou de mort ?
Cela est pur, immaculé, partout le même,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?
Nulle fusion entre libération et servitude,
Nulle fusion entre union et séparation,
Nulle fusion entre avis et doute,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?
Cela est au delà du renoncement à l’Ordre-Désordre,
Au-delà du renoncement à la richesse-pauvreté,
Au-delà du renoncement au désir-attachement.
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?
Les textes sacrés nous disent de mille façons
que tout cet univers, du ciel jusqu‘à la terre, n’est que l’eau d’un mirage.
Si tu es identique à l’Un, égale en toute chose,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?
Quand il n’y a plus rien, plus rien, à rechercher,
il n’est plus rien, plus rien, à désirer,
C’est immergé dans la perception de l‘égalité des choses,
C’est concentré et purifié
que l’Avadhûta dit la réalité ultime
C’est lorsqu’on est ni séparé ni uni que l’on est détaché.
C’est lorsqu’on n’a ni perceptions ni absence de perceptions
Que l’on perçoit.
Continuellement soumis à la connaissance-ignorance,
Comment s’affranchir de la dualité-non dualité ?
Comment, lorsqu’on est pleinement détaché,
Percevoir une saveur unique, immaculée ?
Immuablement libre de toute chose,
Libre de toute réalité,
Comment pour lui ici-bas y aurait-il vie, mort ?
Qu’y aurait-il à méditer ou non ?

Le royaume de l'Amour

Recherche le royaume de l'Amour
Car ce royaume te fera échapper
à l'ange de la mort.
Je suis l'atome, je suis le globe du Soleil,
A l'atome, je dis : demeure.
Et au soleil : arrête-toi.
je suis la lueur de l'aube,
je suis l'haleine du soir,
Je suis le murmure du bocage,
la masse ondoyante de la mer.
Je suis l'étincelle de la pierre,
l'oeil d'or du métal...
Je suis a la fois le nuage et la pluie,
j'ai arrosé la prairie.
Purifie-toi des attributs; du moi,
afin de pouvoir contempler
ta propre essence pure
Contemple dans ton propre coeur
toutes les sciences des prophetes,

SANS LIVRE, SANS PROFESSEUR,SANS MAITRE

Djal Od Dîn Rûmi

NE PAS CHERCHER L'EVEIL C'EST CELA L'EVEIL.....

l'éveil contient toute expérience
                                               mais celui qui est éveillé est au-delà de toute expérience.
                                                  Dieu vous connait quand vous vous connaissez vous-même
                                la vérité est vous même,cessez de vous éloigner en lui courant après
                        au lieu de chercher ce que vous n'avez pas, trouvez ce que vous n'avez jamais perdu
                               c'est en vous imaginant séparé que vous avez créer le fossé.
                              vous n'avez pas à le traverser.
                                           il vous suffit de ne pas le créer.
                        renoncez a tout et vous gagnez tout.
                   Dieu est un cercle dont le périmètre est nul part et le centre partout ...

LE BONHEUR VERITABLE...


Dans ce monde,toute créature vivante,humaine ou animale,s'efforce de trouver le bonheur,mais celui-ci n'est qu'un remède à la misère et à la souffrance et bien que l'homme soit la seule créature capable de discriminer le bien du mal, il ignore ce qu'est le bonheur véritable.

Le cerf qui, victime d'un mirage a couru toute la journée pour trouver de l'eau se sent malheureux lorsque le soleil se couche.De même, l'homme lutte toute sa vie pour un bonheur illusoire avant de mourir dans la souffrance.Tous les êtres humains croient pouvoir atteindre le bonheur grâce à des personnes ou des objets extérieurs mais en vain.Un chien, par exemple,peut s'acharner sur un os au point de faire saigner ses gencives mais il sera quand même satisfait du gout de son propre sang.Il est en effet impossible d'atteindre le bonheur par des personnes ou des objets extérieurs et le fait même de le chercher à l'extérieur de nous montre bien que ce n'est pas le bonheur véritable.

Pourquoi chercher à l'extérieur ce qui est en nous? "Le bonheur ne se trouve qu'à l'intérieur de soi", je lai compris grâce à mon maitre Shri Siddharameshwar Maharaj,e plus grand sage méconnu de notre temps.Il a toujours souhaité que les hommes soient heureux, mais n'a jamais cherché la célébrité.La présence de l'Être est le seul bonheur et la joie véritable jaillit de l'intérieur.

Je m'inclinerai devant mon maitre tant que je vivrai et par sa grâce je me permets de dire que je montrerai le chemin à tous ceux qui désirent atteindre cette connaissance.

RANJIT MAHARAJ

"SI L'OEIL NE DORT PAS...."


Sin Sin Ming

(Écrit sur le cœur de la confiance)

Le Sin Sin Ming est souvent attribué à Seng Ts'an (520-602), le troisième patriarche Tch'an chinois, mais plusieurs experts estiment plutôt qu'il a été écrit au VIIIe siècle. Ce texte est tout empreint de l'esprit du bouddhisme Tch'an, qui a rétabli de manière tout à fait originale le cœur de la grande Tradition, de la voie directe.

La voie enseignée par le Grand Silencieux — le Bouddha — en Inde au VIe siècle av. J.-C., a subi à travers les siècles, comme tout enseignement qui se démocratise, des distorsions et des altérations considérables en devenant du « bouddhisme » : moralisme tatillon du Hinayâna (le Petit Véhicule), sentimentalisme et spéculations inutiles du Mahâyâna (Grand Véhicule), récupération de la figure du Bouddha par l'hindouisme (qui en fait un avatar de Vishnou) et, plus tard, fantaisies réincarnationnistes, encombrements inutiles et ritualisme du bouddhisme tibétain.

Le Tch'an s'en tient à une tranchante et noble verticalité, sans jamais laisser s'émousser la virilité spirituelle, mais sans non plus se raidir comme le fera sa transmission au Japon, le Zen. Bien sûr, le Tch'an chinois émane également le parfum du Taoïsme.

Sin Sin Ming

La grande Voie n'est pas difficile,

il suffit d'éviter de choisir.

Si vous êtes libre de la haine et de l'amour,

elle apparaît en toute clarté.

S'en éloigne-t-on de l'épaisseur d'un cheveu,

un gouffre sépare alors le ciel et la terre.

Si vous voulez la trouver,

Ne tentez pas de suivre ni de résister.

La lutte entre le pour et le contre,

voilà la maladie du cœur !

Ne discernant pas le sens profond des choses,

vous vous épuisez en vain à pacifier votre esprit.

Perfection du vaste espace,

il ne manque rien à la Voie, il n'y a rien de superflu.

En recherchant ou en repoussant les choses,

nous ne sommes pas en résonance avec la Voie.

Ne pourchassez pas le monde soumis à la causalité,

ne vous perdez pas non plus dans un vide de phénomènes !

Si l'esprit demeure dans la paix de l'Unique,

cette dualité disparaît d'elle-même.

En cessant d'agir pour trouver la tranquillité,

celle-ci ne sera qu'un surcroît d'agitation.

Recherchant le mouvement ou le repos,

comment pourrions-nous connaître l'Unique ?

Quand on ne comprend pas la non-dualité de la Voie,

le mouvement et le repos sont faux.

Si vous repoussez le phénomène, il vous engloutit ;

si vous poursuivez le vide, vous lui tournez le dos.

À force de paroles et de spéculations,

nous nous éloignons de la Voie.

Coupant court aux discours et aux réflexions,

il n'est point de lieu où nous ne puissions pénétrer.

Revenir à la racine, c'est retrouver le sens ;

courir après les apparences, c'est s'éloigner de la Source.

Dans l'instant, en retournant notre regard,

nous dépasserons le vide des choses du monde.

Si le monde paraît changer,

c'est à cause de nos vues fausses.

Inutile de rechercher la vérité,

abandonnez seulement les vues fausses.

Ne vous attachez pas aux vues duelles,

veillez à ne pas les suivre.

À la moindre trace de bien ou de mal,

l'esprit s'embrouille dans les complexités.

La dualité n'existe que par rapport à l'Unité ;

ne vous attachez pas à l'Unité.

Pour un esprit qui ne fabrique pas,

les dix mille choses sont inoffensives.

Si une chose ne nous trouble pas, elle est comme inexistante ;

si rien ne se produit, il n'y a pas d'esprit.

Le sujet disparaît à la suite de l'objet ;

l'objet s'évanouit avec le sujet.

L'objet est objet par rapport au sujet ;

le sujet est sujet par rapport à l'objet.

Si vous désirez savoir ce que sont ces deux entités,

sachez qu'à l'origine elles sont vides de substance.

Dans ce vide unique, les deux se confondent

et chacune contient les dix mille choses.

N'essayez pas de distinguer le subtil du grossier ;

comment prendre parti pour ceci contre cela ?

L'essence de la grande Voie est vaste ;

il n'y a rien de facile, rien de difficile.

Les vues restreintes sont hésitantes et méfiantes ;

plus on pense aller vite, plus on va lentement.

Si nous nous attachons à la grande Voie, nous perdons la justesse ;

dans l'intention, nous nous engageons sur un chemin sans issue.

Laissez-la aller et toutes choses suivront leur propre nature ;

l'essence ne se meut pas ni ne demeure en place.

Écoutez la nature des choses et vous serez en accord avec la Voie,

libre et délivré de tout tourment.

Lorsque nos pensées sont fixées, nous tournons le dos à la vérité ;

nous nous embrouillons et sombrons dans le malaise.

Ce malaise fatigue l'âme :

à quoi bon fuir ceci et rechercher cela ?

Si vous désirez suivre le chemin du Véhicule unique,

N'ayez aucun préjugé contre les objets des six sens.

Quand vous ne les repousserez plus,

alors vous atteindrez l'illumination.

Le sage ne poursuit aucune tâche ;

le sot s'entrave lui-même.

Les choses sont dépourvues de distinctions ;

c'est notre attachement qui leur en confère.

Vouloir comprendre et utiliser l'Esprit,

n'est-ce pas là le plus grand de tous les égarements ?

L'illusion engendre tantôt le calme, tantôt le trouble ;

l'illumination détruit tout attachement et toute aversion.

Toutes les oppositions

viennent de la pensée.

Rêves, illusions, fleurs de l'air,

pourquoi s'exténuer à vouloir les saisir ?

Gain, perte, vrai et faux

disparaissent en un instant.

Si l'œil ne dort pas,

les rêves s'évanouissent d'eux-mêmes.

Si l'esprit ne se prend pas aux différences,

les dix mille choses ne sont qu'une unique Réalité.

En nous donnant au mystère des choses en leur réalité unique,

nous oublions le monde de la causalité.

Lorsque toutes les choses sont considérées avec équanimité,

elles retournent à leur nature originelle.

Ne cherchez pas le pourquoi des choses :

vous éviterez ainsi de tomber dans le monde des comparaisons.

Lorsque la tranquillité se meut, il n'y a plus de mouvement ;

Lorsque le mouvement s'arrête, il n'y a plus de tranquillité.

Les frontières de l'Ultime

ne sont pas gardées par des lois.

Si l'esprit est illuminé par l'identité,

toute activité cesse en lui.

Une fois les doutes balayés,

la vraie confiance luit, forte et droite.

Rien à retenir,

rien à se remémorer.

Tout est vide, rayonnant et lumineux par soi-même :

n'épuisez pas les forces de votre esprit.

L'Incomparable n'est pas mesurable par la pensée,

la Connaissance est insondable.

Dans la Réalité telle qu'elle est,

il n'y a ni autrui ni soi-même.

Si vous désirez vous y accorder,

une seule parole possible : non-deux !

Dans la non-dualité, toutes choses sont identiques,

il n'est rien qui ne soit en elle.

Les visionnaires en tous lieux

y ont accès ainsi.

Le principe est sans hâte ni retard ;

un instant est semblable à des milliers d'années.

Ni présent ni absent

et cependant partout devant vos yeux.

L'infiniment petit est comme l'infiniment grand,

dans l'oubli total des objets.

L'infiniment grand est pareil à l'infiniment petit,

lorsque l'œil n'aperçoit plus de limites.

L'existence est la non-existence,

la non-existence est l'existence.

Tant que vous ne l'aurez pas compris,

vous demeurerez agités.

Une chose est à la fois toutes choses,

toutes choses ne sont qu'une chose.

Si vous pouvez seulement saisir cela,

il est inutile de se tourmenter au sujet de la connaissance parfaite.

L'esprit de confiance est non duel ;

ce qui est duel n'est pas l'esprit de confiance.

Ici les voies du langage s'arrêtent,

car il n'est ni passé, ni présent, ni futur.

RELIGIONS, DOCTRINES, NEVROSES, ADDICTIONS, SOMATISATIONS: meme combat


LA VÉRITÉ INTEMPORELLE,IMPERSONNELLE ET IMPERMANENTE.

L'humain en général est un grand angoissé de nature. Nous véhiculons tant de peurs, de colères, de désirs contradictoires, de pulsions réprimées, de doutes, que notre esprit est un vrai marasme à idées noires et blanches, et

parfois grises… La peur du devenir, la peur de n'être rien, la peur de mal faire, la peur de mourir, la peur de jouir, la peur du noir, la peur d'être heureux, même la peur d'avoir peur (phobophobie) etc. C'est invraisemblable le nombre de peurs que nous traînons avec nous durant une vie humaine. On n'arrête pas de tricoter avec pour en faire des

écharpes, afin de se protéger des autres et surtout de soi-même. Alors les mécanismes de défense, les écharpes, deviennent légions, dans cette société contradictoire, à la fois individualiste et conformiste, où la spontanéité de l'âme qui rime avec liberté est rabrouée depuis bien longtemps au lieu d'être encouragée. Comme remède à ces angoisses de vie et de liberté, que la socialisation a rendues légitimes, on a décrété depuis des temps lointains que seule LA vérité fera de nous des hommes libres, nous faisant surgir au dessus du chaos de nos vies. Nous voulons

bien, mais de quelle vérité parle t-on ? De celle de Yahvé, d'Allah, du Christ, de Bouddha, de Krishna, de Zeus ou d'Osiris ? Ou peut-être de la vérité de l'alcoolique qui déverse son angoisse dans la boisson, du dépressif qui n'y croit plus, de l'obsessionnel qui se rassure avec des rituels finalement proches des prières et des litanies ? Ou encore de

celle de l'ulcéré qui somatise, du cancéreux qui n'a plus la force de se battre ? RELIGIONS, DOCTRINES, NEVROSES, ADDICTIONS,SOMATISATIONS : même combat. Toutes sont des moyens plus ou moins habiles de fuir l'angoisse d'être libre en cristallisant ses peurs sur une ou plusieurs pseudo-vérités.