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lundi 25 avril 2011

SRI SIDDHARAMESHWAR MAHARAJ


Extrait D'Amrutlaya
 

``Quand la connaissance objective se termine, le sujet ne survit pas comme sujet.  À ce moment, l'orgueilleux "Je" disparaît . [ Dasbodh, Chapitre 6, Section 10. ]
Tant que les objets sont pris pour exister vraiment, le sujet reste.  Car l'être est conceptuel, tout comme le sujet.  Si vous appelez cette ville `Bombay ', elle apparaît comme Bombay;  si vous l'appelez terre, elle apparaîtra comme terre.  Tout dépend du concept du sujet.  Si vous appelez un objet une chaise, c'est une chaise;  si vous l'appelez bois, c'est du bois.  Si vous appelez  tout Brahman, alors tout est Brahman.  Si vous l'appelez le monde, c'est le monde.  Tous les objets dépendent du concept du sujet.  Mais Brahman est au delà des concepts et aucun concept ne peut le concevoir.  
Il y a une femme qu'un homme  appelle son épouse, l'autre l'appelle 'sa soeur ', le troisième l'appelle 'sa fille '.  En fait elle n'est rien qu' un morceau de chair et d'os.  Ce que vous déclarez prend forme.  Tout est conceptuel et dépend des concepts du sujet.  Le monde et les êtres sont des concepts relatif à un sujet particulier.  Ce `sujet ' qui appelle la manifestation "vérité" est le moi et ce moi doit être supprimé.  Si le moi part, alors seulement Brahman reste.
  Celui qui embrasse le corps en tant que soi est aveugle. On devrait avoir le sentiment que tous les objets sont faux et que seul Brahman existe. Puisque vous considérez les objets comme étant vrais, vous vous perdez.  Vous devez vous débarrasser du `Je '.  Le Je n'existe pas.  Se débarrasser du `Je ' peut s'appeler une mort désirable.(...) Si les objets sont pris pour être vrais, cela signifie que les démons règnent et que Dieu est absent.  Il n'y a aucune trace de lui.  Mais quand Dieu devient victorieux (c.-à-d. quand la détermination ou le sentiment vient que tous ces objets sont faux), alors le démon `Je ' disparaît également. 
Quand le moi est détruit, alors tout est Brahman.  On doit mettre en pratique l'idée que le "je" et tous les objets sont faux.  Une personne réalisée sent que tout est Brahman.  La nourriture, la planche en bois sur lequel on se repose tout en prenant des repas, parce que pour lui l'éponge et l'eau sont toutes deux expressions de Brahman.  Tout est Brahman.  Votre sujet d'étude devrait être comme ci-dessus.  Alors ce sera le royaume de Dieu.  Brahman n'est pas couleur, il n'est pas jaune ou noir, ce n'est pas musique, etc...  Le ghee (beurre épuré) qui est liquide et le ghee qui est plein sont identique juste à l'eau et à la glace est identique.  Quand la terre rencontre la terre c'est toute la conscience.  Tous ce que vous voyez et percevez n'est rien d'autre que la réalité (Brahman).  Ce que vous voyez est seulement la conscience qualifiée juste comme bracelets ou bagues sont tous deux en or.
Vous êtes devenus le corps physique parce que ce corps est l'objet unique corporel parmi vos concepts.  Les domestiques et les préposés devraient être considérés comme Dieu.  Il n'y a rien d'autre que Brahman avec ou sans qualité.  Tout est Govinda (Dieu).  Puisque nous classons tous les objets par catégorie, il y a le moi (jiva).  Vous percevez l'épouse comme épouse, fille comme fille, cheval comme cheval ou chien comme chien.  Ils sont tous Brahman seulement.  Il n'y a aucun besoin de changer la forme des objets. Seulement l'attitude  du sujet doit changer.  Brahma est identique même lorsqu'il est dans un état avec des attributs.  Vous devriez voir Brahma dans quelqu'état qu'il existe.  Même les atomes et les molécules d'une chaise sont toutes le seigneur Krishna (Brahman).  Une fois que cette attitude est prise, alors il est lui-même Brahma. Que l'on dorme, se réveille, ou aille se promener, on n'a en fait pas dormi, on ne s'est pas réveillé, ni allé promené.  Quand tout est Brahman, qui mange et dort?  Celui qui est sans qualité et celui qui parle (c.-à-d. avec la qualité) sont Dieu.
Si un Roi trône ou chasse, c'est toujours un Roi. Celui qui marche et parle est une idole de la conscience. On est dévot quand on donne des noms à différents objets tout comme à celui-ci ou celle-là, et on est un saint, un sadhu ou Parabrahman quand on regarde la création comme Parabrahman. Oublier Parabrahman et manger de la nourriture est purement transformer la nourriture en merde. Les vers à soie sont mieux, puisque la soie tissée de leurs cocons est utilisée par les religieux tandis qu'ils adorent Dieu. (...)
Les dieux et les démons sont vraiment ici. Les dieux et les démons ont baratté ensemble le nectar et le vin pour produire l'océan du monde. Lord Vishnu donna le nectar aux dieux et le vin aux démons. Dire "Vishnu a fait cela" signifie que la conscience sensorielle interne a fait cela. Le nectar et le vin sont toujours ici. C'est dans votre propre main de boire le nectar et devenir immortel.
Celui qui s'éveille réalisera ceci.  Tout est Dieu. Si vous pratiquez ceci et le prenez à coeur, alors [ la réalisation sera ] tout est Brahman.  On doit arroser une plante jusqu'à ce qu'elle fasse ses racines.  Alors elle croîtra par elle-même.  Vous devriez persister dans votre pratique jusqu'à ce que vous réalisiez ceci.

Deuxième Entretien :
"Quand la connaissance objective se tarie, le sujet (spectateur) ne survit pas comme sujet. A l'instant, l'orgueilleux ego disparaît."" [Dasabodh Chapter 6 Section 10].
Un aspirant fait face invariablement à la question "Allons-nous continuer à mener cette vie domestique-ci, ou allons-nous laisser tomber ?" Que l'on continue ou que l'on parte ne compte en rien. Il n'y a aucun intérêt à porter une guirlande sacrée autour du cou et garder de la colère dans le coeur. Si l'on n'est pas attentif à son être intérieur, à quoi sert une robe de safran ? C'est vrai, les arbres, les tigres, les bêtes et les oiseaux ne mènent pas de vie domestique ; est-ce à dire qu'ils sont devenus des saints ? A quoi cela sert-il si nous ne sommes pas attentifs à notre soi ? Nous devrions être en alerte. La connaissance objective devrait démontrer qu'elle est fausse, illusoire. Toutes les affaires que nous menons dans le monde devraient prouver qu'elles sont fausses et ce qui a été pris pour faux devrait être expérimenté comme Vérité.
A quoi cela sert-il si nous ne sommes pas détachés intérieurement ? L'attitude doit changer. Savoir que tout ceci (l'existence mondaine manifestée en évolution) est faux est un acte de bravoure. On devrait être détaché, en soi. Une fois que l'on a appris comment ne pas être concerné ou comment renoncer, alors on aura l'expérience. Quelles que soient les circonstances ou l'état, on devrait être détaché. Vivez comme vous voulez, mais renoncez intérieurement.
Les objets sont irréels. On devrait détacher le mental d'eux et considérer que le Soi est Brahman. Même si nous considérons le corps existant par les cinq éléments comme bénin, nous devrions encore savoir que ces cinq éléments sont dangereux. Même quand nous pensons que seul le Soi peut apporter le bonheur, la grande illusion, Maya, nous tente et nous fait retourner à notre condition précédente. C'est quand nous devenons ferme et stable en Brahman avec le corps, le langage et l'esprit que nous pouvons achever cette connaissance. On peut faire n'importe quoi, s'adorer en se couvrant d'or, porter des habits onéreux, mais la grâce de Dieu vient à celui qui, seul, considère que tout cela est irréel. Si l'on n'a pas renoncer vraiment, tous les efforts deviennent futiles.
On peut porter de l'or, de l'argent, un fils d'airain, ou des parures très coûteuses, il n'y a cependant aucun espoir d'être joyeux dans cette vie. Un être humain ne peut jamais obtenir la paix. Seul le Soi parle de la vérité et se comporte comme tel avec son corps, discours et intellect. Si l'on pense "je suis le corps", alors parlera seulement du corps. Telle est la fleur, tel est le parfum. Même si vous êtes de ce monde, vous devriez être comme si vous n'en étiez pas. Pour Brahman, tous sont égaux, qu'il s'agisse d'une existence mondaine ou d'une vie en forêt. Quand vous n'êtes pas, comment l'existence mondaine pourrait-elle être là ? Vivez comme vous l'entendez mais changez votre attitude. Alors tout ce termine. Un authentique dévot de Krishna nommé Chokamela était boucher et avait l'habitude de vivre un os à la main. Vous pouvez toujours manger de la bonne nourriture purifiée, mais qu'allez-vous faire de vos divagations mentales ? Vous devez devenir Brahman et sentir que tous les objets sont irréels, votre ego ne devrait pas être là. Alors vraiment, vous êtes devenus Brahman !
Il n'y a rien d'autre que Brahman. C'est notre attitude qui doit changer, être l'indication d'un renoncement. Dans le sommeil, quand le monde est absent, le roi et le pauvre sont égaux. Quand vous quittez le monde à la nuit comme dans le sommeil, ne vous sentez-vous pas heureux ? De ce point de vue, vous n'avez pas besoin du monde, ni d'une maison, d'un travail ou d'une femme. Tout seul, quelle béatitude ! Quand vous pensez avoir un tas de choses à faire, vous devenez misérables ! Quand vous n'avez rien à faire, de quoi s'inquiéter ? Alors, soyez heureux ! Celui qui a un travail à accomplir est un laboureur. Même s'il est un roi ou un dieu, il doit travailler.
Les saints doivent montrer de la compassion. Celui qui est sans désir est le Dieu de tous les dieux. Soyez sans désir au moins une fois. Cela peut survenir seulement si vous ridiculisez le monde à vos yeux et prenez conscience de son irréalité. Guidez votre esprit hors de ce monde et fixez-le sur le Soi. Les objets sont irréels et Brahman est Vérité. Quand vous faites vôtre cette attitude, vous passez la porte. Alors vous avez la liberté de vivre comme vous voulez. Celui qui ne peut pas danser trouve le sol inégal, mais celui qui veut la connaissance du Soi la trouvera d'une façon ou d'une autre.
Prahlada, un grand dévot du Seigneur Narayana, se vit ordonner de ne pas prendre le nom de Dieu par son père. Prahlada dit à son père, "il se peut que tu sois le propriétaire de mon corps, mais tu n'as aucun contrôle sur mon esprit". Si vous êtes très occupé, identifiez votre esprit à Brahman et réalisez votre travail. Alors, le travail devient Brahman aussi. L'intellect doit se métamorphoser. Dites mentalement :"je suis Ram (conscience)" ,alors tout ce que vous faites devient Ram. Oubliez l'idée "je suis ceci et cela..." et devenez celui qui pénètre l'univers entier !

Parcours de Shri Sadguru Siddharameshwar Maharaj
Shri Sadguru Siddharameshwar Maharaj est l'un des plus grands saints inconnus de notre époque. Il est né en Août 1888 dans un petit village nommé "Pathri" dans le district de Sholapur, en Inde. Six jours après sa naissance, sa grand-mère eu un rêve dans lequel un grand Saint Siddheshwar apparut devant elle et lui dit que le garçon qui vient de naître est sa réincarnation et lui demande de le nommer Siddheshwar. Il ajouta qu'un jour le garçon deviendrait un grand saint.
Et ainsi son nom fut gardé Siddheshmappa. Plus tard, il fut connu comme :Siddheshwar Maharaj. Même dans son enfance il était très futé, actif et avait la capacité d'absorber les choses très rapidement. Il n'étudia pas beaucoup à l'école mais était très intelligent, astucieux et malin dans son comportement. Il était toujours très droit et parlait avec une idée réfléchie. Il ramenait ses réponses à chaque question avec un sens plein. A l'âge de 16 ans, alors même qu'il était trop jeune pour travailler, il pris le travail de comptable dans la firme Marwadi de Bijipur. Là, il rencontra son maître Shri Bhausaheb Maharaj, qui a bâti un ashram dans le petit village d'Inchgiri dans l'état du Karnataka, qui commença dans l'année 1885. Shri Bhausaheb Maharaj, comprenant les capacités mentales et les habitudes de vie de gens, commença à enseigner la méditation à ses disciples dans le monastère.
Le but principal de cet enseignement était d'atteindre la Réalité Finale. Sa méthode est connue en tant que " Pipilika Marg" ou la voie de la fourmi dans la Mythologie Hindoue ; c'est un processus lent pour atteindre la Réalité Finale. Shri Siddharameshwar Maharaj, après avoir passé à côté de son Maître Bhausaheb Maharaj l'année 1914, méditait sur les enseignements de son Maître. En 1918, il renonça au monde et rejoignit ses quatre disciples frères pour populariser l'enseignement de son Maître. L'année 1920, alors qu'il faisait un voyage pour populariser cet enseignement, il eut l'idée que l'on pourrait aller au-delà de la méditation parce que la méditation est l'état initial pour atteindre la Réalité Finale. Ses frères disciples n'étaient pas d'accord avec Shri Siddharameshwar Maharaj, disant que leur maître Shri Bhausaheb Maharaj ne leur avait pas dit cela. Il leur dit d'accord, mais ajouta " pourquoi n'irions-nous pas au-delà de cela ?". Il décida de s'atteler à ce sentier ardu de son cru, les laissa, et retourna à Bijapur chez lui.
Il commença sa méditation à Bijapur sur une plate-forme élevée en forme de petit minaret, assis sur un vieux canon et médita durant neuf mois sans cesse. Puisque son Maître ne lui avait enseigné que la méditation, il n'y avait pas d'alternative pour atteindre la Réalité finale sans méditation. Ses efforts furent récompensés et son Maître le bénit. Il expliqua alors que l'on peut atteindre la Réalité Finale par le chemin de l'oiseau "Vihangam marg", en pensant que l'ignorance est survenue d'avoir entendu parler les générations successives. Rien qu'en entendant et pratiquant les enseignements du Maître et en y pensant à fond, comme les oiseaux passent d'un arbre à l'autre, on peut atteindre la Réalité Finale très rapidement. C'est le chemin le plus court pour achever la Réalité Finale. Dans les deux chemins, on a à atteindre la Réalité Finale en allant dans le Laya (dissolution de la conscience), c'est -à-dire l'absorption de soi. L'ignorance est survenue par les pensées et si les pensées sont absorbées dans la Réalité, on peut aller à la Réalité Ultime par la pensée seulement. Il fit des efforts incessant pour réaliser cette Réalité Ultime. Il dit :"j'atteindrai la Réalité Ultime même au prix de ma vie."
Par la grâce de son Maître Bhausaheb Maharaj, il atteint le but final de la Réalité Ultime. Il commença alors à prêcher à ses disciples d'atteindre la Réalité Ultime via Vihangam Marg (le chemin des oiseaux, par la pensée). D'abord, il donna la Connaissance de la Réalité Ultime à ses disciples et leur demanda de renoncer, et de renoncer même à l'acte de renoncer. Finalement, il donna la connaissance de Vijnana-- la Réalité sans pensée. Il prêchait en un langage très simple, lucide et logique, donnant des exemples dans la vie de tous les jours. Il avait l'opinion que Parmarth -- comprenant la Réalité Ultime, devrait être enseignée dans un langage très simple sans user de mots pompeux et ronflants, afin de faire comprendre aux gens la Réalité Ultime. Il fit cela des années 1925 à 1936.
Finalement, il passa au-delà le 9 Novembre 1936, à Bombay, donnant une compréhension complète de la Réalité Ultime à ses disciples. C'est pourquoi ce livre est la Clé Maîtresse de la Réalisation Ultime. Ce livre explique un des chemins qui mène à la Réalité Ultime. C'est-à-dire, la connaissance que vous ne faites pas partie des quatre corps et que là demeure l'Ego de la connaissance qui devrait être dissolu dans la Réalité Ultime nommée "Laya"(Absorption).
Shri Dattatray Dharmayya Poredi a répandu une des conférences de Siddharameshwar Maharaj connue comme la "Maître-Clé de la Réalisation du Soi".( Atmagyanachi Gurukilly). C'était l'un des disciples capables de Siddharameshwar Maharaj vivant à Solapur (dans l'état de Maharashtra, Inde) et a écrit aussi de nombreux poèmes sur Vijnana (Réalité Ultime) enseigné par le Shri Sadguru Siddharameshwar Maharaj. La Maître-Clé de la Réalisation du Soi, qui est écrite en Marathi, est traduite en anglais par Madame le Dr Damayanti Dungaji. Elle est disciple de Shri Sadguru Nisargadatta Maharaj, qui est le disciple de Shri Sadguru Siddharameshwar Maharaj. Shri Sadguru Siddharameshwar Maharaj prêcha étape par étape dans un langage très simple sur la façon d'atteindre la Réalité Ultime durant les années 1925 à 1936. Ses enseignements ont été publiés en Marathi comme "Amrut Laya". Ces conférences ont aussi été traduites en anglais et seront publiées pour le bénéfice de ceux qui ne comprennent pas le Marathi.

jeudi 21 avril 2011

HOUEI NENG

Houei-Neng (Hui Neng 683-713) est le sixième patriarche du bouddhisme chinois. C'est lui qui a transformé le bouddhisme méditatif de l’inde en Tchan chinois (= Zen japonais), en ramenant tout à une Illumination soudaine. Il est le fondateur de l'école du Sud. Il a enseigné comment atteindre la compréhension subite de la vacuité de not...re nature.

C'est en entendant le Sutra du Diamant, que Houei-Neng eut la révélation de sa voie. Il se rendit auprès de Hong Ren, le 5e patriarche. Celui-ci lui donna un emploi aux cuisines.
Plus tard, pour désigner son successeur, Hong Ren propose un test. Les candidats à sa succession devront rédiger une stance montrant leur parfaite compréhension du Dharma. Le premier disciple, Chen-Siou (Shen Xiu), le plus érudit proposa :

"Le corps est l'arbre de l'illumination (bodhi),
Et l'esprit est comme un miroir clair.
Appliquez-vous à l'essuyer sans cesse
Afin que la poussière du monde ne s'y dépose pas "

Hong Ren répondit à Chen-Siou qu'il avait raison, mais qu'en se limitant à cette stance, on ne pouvait cependant atteindre à l'Éveil : « Ta stance montre que tu n’a pas encore saisi l’essence de l’esprit. Tu es à l’extérieur de la porte de l’Éveil.»

Houei-Neng, entendant un jeune moine réciter la stance, fut troublé et lui demanda de le conduire à la grande salle où elle avait été écrite. Ne sachant pas lire, il se la fit relire une nouvelle fois par Zhang Biejia, puis il lui demanda d’écrire celle-ci à côté :

"L'éveil (bodhi) ne comporte pas d'arbre
Et le miroir brillant n’a pas de support,
Puisqu’il est toujours pur et immaculé,
Où la poussière du monde pourrait-elle se déposer ?"

La stance de Houi Neng étonna tout le monde. Cependant Hong Ren l'effaça avec ses souliers en disant que Houei Neng n’avait non plus saisi la nature Bouddha. En fait il voulait seulement protéger Hui Neng, parce qu’il connaissait la jalousie de ses diciples.
Un peu plus tard, Hong Ren alla à l’endroit où Houei Neng travaillait le riz et l'invita par langage codé à venir le voir dans sa chambre. Houei Neng comprit immédiatement l’intention de son maître. Il fit son paquet, attendit jusqu’au beau milieu de la nuit puis alla voir Hong Ren par la porte de derrière. Alors Hong Ren lui enseigna le Soutra du Diamant.
Voyant ensuite qu’il en avait saisi l’essence, Hong Ren lui confia sa robe en disant : «Désormais, à vous de rendre prospère le Bouddhisme!» et il lui demanda de quitter secrètement le monastère pour ne pas subir la jalousie des autres disciples.

Plus tard, Chen-Siou dit : «Houei Neng a de la sagesse autodidacte, il comprend au fond le Mahayana et je suis inférieur à lui. D’ailleurs, mon maître lui a personnellement transmis le robe et le Dharma, l'aurait-il fait sans raison?»

vendredi 15 avril 2011

GRAINES DE CONSCIENCE. Nisargadatta Maharaj .

Maharaj : La dualité a fait son apparition à l’instant même où le sens de l’être est né. Le mouvement est partout dans le monde manifesté, et il crée et détruit sans cesse d’innombrables formes. La conscience est de nature universelle, tout comme l’espace. Celle que renferme le corps n’est qu’une toute petite expérience, mais de par sa nature, de par sa qualité, elle est essentiellement identique à la conscience universelle. Et il en est de même pour l’espace.
L’imagination et la mémoire créent un corps et une personnalité ; et le manifeste, croît être un corps et une personnalité, mais à tort.
Question : Quelle est la cause de l’apparition de l’être ?
M : Tout comme le rêve que vous faites n’a pas de cause, ainsi l’être n’a pas de cause non plus. Expliquez-moi pourquoi vous rêvez. Le rêve est sans cause et donc sans logique.
Les choses que nous voyons dans le monde manifesté sont exactement comparables aux images qui apparaissent à l’écran de télévision.
A qui donnons-nous le nom de parents ? A deux formes physiques seulement ; quand celles-ci meurent, nous estimons que ce sont nos parents qui meurent. Ce qui a donné naissance à mon être, sans que j’en ai connaissance constitue mes parents – c’est à dire la source.
C’est uniquement parce que je suis que je vois le monde et pense à Dieu ; Dieu est donc parce que je suis. Si je ne suis pas, Dieu n’est pas non plus. Je vais vous révéler une formule qui fera tout à votre place : celle de garder constamment à l’esprit : « je suis Dieu, sans moi Dieu n’existe pas. » Quand vous serez fermement établi dans cette formule, tout ce qui est sans importance se dissipera peu à peu.
A l’étape suivante – je vous ai d’abord dis de répéter « je suis Dieu » – je vais laisser de côté les mots « je suis Dieu », et en arriver à ce qui était avant la compréhension des mots. Dieu est cela et vous êtes cela, non pas les mots.
Le facteur passe ici pour m’apporter le courrier. Peut-être n’est-ce qu’un homme de petite taille, mais il est pleinement conscient de représenter le gouvernement. Mon sentiment « je suis » signifie l’enregistrement de la présence de Dieu.
La question originelle est de savoir comment on peut transcender la conscience. La conscience est liée au temps, mais elle est notre unique capital, d’où sa très grande importance.
Q : Je n’arrive pas encore à vous suivre.
M : C’est à cause de votre très forte identification au corps ; il n’est pas facile de l’abandonner.
Q : Apprenez-nous quelque astuce.
M : Le seul remède est de méditer et de réfléchir sans relâche sur ce que je vous ai dit. Votre limitation au soi disparaîtra peu à peu, ainsi que votre sens de la séparation. Pour pouvoir résoudre l’énigme il faut pratiquer la méditation profonde pendant une longue période. Méditer, cela signifie que l’être lui-même s’absorbe dans l’être. Ayant pratiqué durant une longue période ce type de méditation, on arrive à connaître le Connaissant de l’être.
Je suis le Connaissant de la conscience, je ne peux que connaître autre chose, et non pas moi-même. Cette énigme se résoudra d’elle-même grâce à la pratique constante de la méditation profonde.
A présent, vous êtes convaincu d’être le connaissant de la conscience. Non ?
Q : Oui.
M : Vous l’êtes, mais il demeure une part d’identification mentale au corps qui vous donne le sentiment qu’un événement heureux va survenir. A présent, vous avez une certaine connaissance, et cela vous rend très heureux. Cette connaissance a chassé l’ignorance. Au cours de votre balayage de l’ignorance, la connaissance va , elle aussi, disparaître. Vous seul resterez.
Le son qu’il faut entendre est le son muet. Seul le son muet peut entendre le son réel.
Q : Dieu équivaut-Il au manifesté sans forme ?
M : Dieu est le son muet. Il est dans le manifesté, car tout ce dont nous parlons se rapporte au manifesté ; le Non-Manifesté n’est absolument pas doué de parole.
  
Extrait de Graines de Conscience, Editions Les Deux Océans, 1982

jeudi 14 avril 2011

- Les sentiments négatifs sont en vous, non dans la réalité.

- Les sentiments négatifs sont en vous, non dans la réalité.
Arrêtez d'essayer de changer la réalité. C'est de la folie ! Arrêtez d'essayer de changer l'autre.
Nous passons tout notre temps et toute notre énergie à essayer de changer les circonstances extérieures, à essayer de changer nos époux, nos patrons, ...nos amis, nos ennemis, et tous les autres.
Il n'est pas nécessaire de changer quoi que ce soit. Les sentiments négatifs sont en vous.
Aucune personne sur terre n'a le pouvoir de vous rendre malheureux, aucun événement, aucune condition, situation ou personne !
On ne vous a jamais parlé ainsi, on vous a dit le contraire. C'est pourquoi vous êtes dans cet état misérable maintenant, c'est pourquoi vous êtes endormi. On ne vous l'a jamais dit, mais cela est évident.
***
Est-il possible qu'une rose dise : "Je vais donner mon parfum aux bonnes personnes qui viennent me sentir, mais je ne le donnerai pas aux autres "?
Est-il possible qu'une lampe dise : "Je vais donner ma lumière aux bonnes personnes, mais en aucun cas aux mauvaises "?
Est-il possible que l'arbre dise : "Je vais donner mon ombre aux braves personnes qui viennent se reposer sous mes branches, mais ne la donnerai pas aux autres "?
Voilà les images de l'amour...
***
Existe-t-il des moyens de juger de son progrès spirituel ?
- Oui, de nombreux.
Pouvez-vous nous en donner un ?
- Observez le nombre de fois où vous êtes dérangé dans une journée.
***
Aidez nous à trouver Dieu.
- Personne ne peut vous aider.
Pourquoi ?
- Pour la même raison que personne ne peut aider un poisson à trouver l'océan.
***
Lorsque l'on demanda au Maître qu'est-ce qu'il faisait pour ces disciples, il dit : "Ce que le sculpteur fait pour réaliser la statue d'un tigre. Il prend un bloc de pierre et le travaille retirant tout ce qui ne ressemble pas à un tigre."
Lorsque les disciples lui demandèrent plus tard, qu'est-ce qu'il voulait dire exactement, il répondit : "Ma tâche est de détacher tout ce qui n'est pas vous : chaque pensée, sentiment, attitude, conditionnement qui adhèrent à votre forme, votre culture et votre passé."

LALLA: poésie,extrait


Je me suis épuisée à chercher,
mais personne, je le sais maintenant,
ne trouve la connaissance secrète par l'effort.
J'arrêtai de chercher et l'Amour me conduisit
...à la porte de la taverne *
là où chaque jarre est pleine,
mais personne ne boit **
Lorsque mon mental a été nettoyé de ses impuretés
tel le miroir de sa poussière,
j'ai reconnu le Soi en moi :
Lorsque je L'ai vu résider en moi,
j'ai réalisé qu'Il était Tout et que je n'étais rien.

* lieu de nectar, la demeure du Suprême
** il ne reste personne pour boire

NE PAS CHERCHER L'EVEIL C'EST CELA L'EVEIL.....

Quand on ne cherche plus à éviter la souffrance, la violence, l'injustice, il y a autre chose qui se passe: quelque chose s'ouvre. Il y a la beauté qui apparaît, la tranquillité. Mais il faut d'abord quitter l'image que les choses devraient être autrement, qu'il y a quoi que ce soit à changer- c'est cela la violence- quoi que ce soit dont il faille se libérer, même se libérer de l'image.

mercredi 13 avril 2011

THE BOUDDHA

Do not believe in anything simply because you have heard it. Do not
believe in anything simply because it is spoken and rumored by many. Do
not believe in anything simply because it is found written in your
religious books. Do not believe in anything merely on the authority of
your teachers and elders. Do not believe in traditions because they have
been handed down for many generations. But after observation and
analysis, when you find that anything agrees with reason and is
conducive to the good and benefit of one and all, then accept it and
live up to it. the buddha...

mardi 12 avril 2011

RAMANA MAHARSHI TOUT LE MONDE EST DÉJÀ RÉALISÉ

Question : Il existe de nombreux instructeurs spirituels qui enseignent des voies diverses. Lequel devrions-nous prendre pour Guru
Ramana : Choisissez celui auprès duquel vous trouvez shanti [la paix].
Question : Ne devrions-nous pas prendre aussi son enseignement en considération ?
Ramana : Celui qui conseille à un chercheur fervent de faire ceci ou cela n'est pas un vrai maître. Le chercheur est déjà affligé par ses activités et il désire la paix et le repos. En d'autres termes, il souhaite la cessation de ses activités. Si un enseignant lui dit de faire quelque chose en plus de ses autres activités, ou à leur place, ceci peut-il lui être une aide ? L'activité est création. L'activité est destruction de notre bonheur intrinsèque. Si l'activité est indiquée, celui qui la prescrit n'est pas un Maître, mais un tueur. De telles circonstances nous mènent à dire que soit le créateur [Brahma], soit la mort [Yama] se sont présentés sous l'apparence d'un Maître. Une telle personne ne peut pas libérer l'aspirant, elle ne peut que renforcer ce qui l'entrave.

Question : L'enseignement de Bhagavan [nom qu'utilisent les disciples de Ramana Maharshi pour le désigner et qui signifie : béni, saint ou seigneur] est-il le même que celui de Shankara ?

Ramana : L'enseignement de Bhagavan est l'expression de son expérience et de sa réalisation propres. D'autres estiment que celles-ci s'accordent avec ce qu'a vécu Sri Shankara .

Question : Quand les Upanishads affirment que tout est Brahman [la réalité absolue impersonnelle], comment peut-on accepter avec Shankara que ce monde soit illusoire ?




Ramana : Shankara disait aussi que ce monde est Brahman, ou Soi. Ce qu'il n'admettait pas, c'est qu'on s'imagine que le Soi est limité par les noms et les formes qui constituent le monde. Il affirmait seulement que le monde n'a aucune réalité en dehors de Brahman. Brahman, ou le Soi, ressemble à un écran de cinéma et, le monde, aux images projetées dessus. Vous ne pouvez voir l'image que tant qu'il y a un écran. Mais, quand le spectateur lui-même devient l'écran, seul demeure le Soi.

On a critiqué Shankara pour sa philosophie de la Maya [l'illusion], sans comprendre ce qu'il entendait au juste. Il affirmait trois choses : Brahman est réel, l'univers est irréel, et Brahman est l'univers. Il ne s'est pas arrêté sur le deuxième principe. Le troisième explique les deux premiers ; cela signifie que lorsque l'univers est perçu en dehors de Brahman, cette perception est fausse et illusoire. Ce qui revient à dire que les phénomènes sont réels quand on les vit en tant que Soi, et illusoires quand on se les figure en dehors du Soi.

Seul le Soi existe et est réel. Le monde, l'individu et Dieu sont comme l'apparence illusoire de l'argent dans la nacre, des créations imaginaires au sein du Soi. Ils apparaissent et disparaissent simultanément. En fait, seul le Soi est le monde, le " je " , et Dieu. Tout ce qui existe n'est qu'une manifestation du Suprême .

Question : Qu'est-ce que la réalité ?

Ramana : La réalité doit toujours être réelle. Dénuée de noms et de formes, elle est ce qui sous-tend noms et formes. Etant elle-même sans limites, elle se trouve à la base de toutes les limitations. Elle n'est assujettie en aucune façon. Etant elle-même Réelle, elle sous-tend les irréalités. Elle est cela qui est. Elle est comme elle est. Elle transcende la parole et échappe à la description, comme l'être ou le non-être.

Question : Les bouddhistes nient le monde tandis que la philosophie hindoue admet son existence tout en le jugeant irréel, n'est-ce pas ?

Ramana : Ce n'est qu'une différence de point de vue.

Question : Ils déclarent que le monde est créé par l'Energie Divine [Shakti]. La connaissance de l'irréalité vient-elle du voile de l'illusion [Maya] ?

Ramana : Tous admettent la création par l'Energie Divine ; mais quelle est la nature de cette énergie ? Elle est forcément en consonance avec la nature de sa création.

Question : Y a-t-il des degrés dans l'illusion ?

Ramana : L'illusion elle-même est illusoire. Elle doit être considérée par un observateur situé en dehors d'elle, mais comment un tel observateur peut-il être affecté par l'illusion ? Et, dans ce cas, comment peut-il parler de ses degrés ?

Vous voyez diverses scènes passer sur un écran de cinéma : un incendie semble réduire des bâtiments en cendres ; l'eau d'une tempête paraît provoquer le naufrage de navires ; mais l'écran sur lequel ces images sont projetées demeure intact : ni le feu ni l'eau ne l'ont atteint. Pourquoi ? Parce que les images sont irréelles et que l'écran, lui, est bien réel.

Semblablement, le nombre et la qualité des reflets qu'il renvoie n'affectent nullement le miroir.

De la même façon, le monde est un phénomène sur le substrat de l'unique Réalité qui n'en est aucunement touchée. La Réalité est seulement Une.

Parler ou non d'illusion dépend seulement du point de vue que l'on adopte. Modifiez votre point de vue pour celui de la Connaissance et vous vous apercevrez que l'Univers n'est que Brahman. Etant donné que vous êtes à présent plongés dans le monde, vous le voyez comme un monde réel ; placez-vous au-delà, il disparaîtra, et ne demeurera alors que la Réalité.

Le monde est perçu comme réalité objective apparente quand l'esprit s'extériorise et abandonne du même coup son identité avec le Soi. Quand le monde est perçu ainsi, la véritable nature du Soi n'est pas révélée ; inversement, quand le Soi est réalisé, le monde cesse d'apparaître en tant que réalité objective.

C'est l'illusion qui nous fait prendre ce qui est toujours présent en toute chose, dans une plénitude de perfection éclairée de son propre jour – c'est-à-dire le Soi et le noyau de l'Etre –, comme non existant et irréel. Et, vice versa, c'est l'illusion qui fait prendre pour réel et doué de sa propre existence ce qui est non existant et irréel, à savoir la triade : monde, ego et Dieu.

Pour ceux qui n'ont pas réalisé le Soi comme pour ceux qui l'ont réalisé, le monde est réel. Mais, pour les premiers, la Vérité revêt la forme du monde, tandis que, pour les seconds, la Vérité brille en tant que Substrat et Perfection sans forme du monde. Voilà tout ce qui les différencie.

Les noms et les formes qui constituent le monde changent sans cesse et périssent ; c'est pourquoi on les dit irréels. Il est irréel [imaginaire] de réduire le Soi à ces noms et à ces formes, et réel de tout considérer en tant que Soi. Le non-dualiste affirme que le monde est irréel, mais il dit aussi : " Tout ceci est Brahman. " Il est donc clair que ce qu'il condamne, c'est de considérer que le monde a une réalité objective propre, et non qu'il est Brahman. Qui voit le Soi ne voit aussi que le Soi dans le monde. Que le monde apparaisse ou non est sans importance pour celui qui a connu l'Illumination. Dans un cas comme dans l'autre, son attention est tournée vers le Soi. C'est comme les lettres et le papier sur lequel elles sont imprimées. Vous êtes tellement pris par les lettres que vous en oubliez le papier, mais l'Eclairé voit que le papier est bien le substrat, que les lettres apparaissent ou non dessus.

Les Védantins n'affirment pas que le monde est irréel. Il s'agit d'une erreur d'interprétation. Si tel était le cas, que signifierait l'affirmation védantique : " Tout ceci est Brahman " ? Ils veulent dire simplement que le monde est irréel en tant que monde, mais réel en tant que Soi. Si vous considérez le monde comme non-soi, il n'est pas réel. Tout, que vous l'appeliez Illusion [Maya], Jeu divin [Lila] ou Energie [Shakti], doit être au sein du Soi et non en dehors.

Question : Les Védas contiennent des explications cosmogoniques contradictoires. A un endroit il est dit que l'éther fut créé en premier, dans un deuxième, c'est l'énergie vitale, l'eau dans un troisième, et quelque chose d'autre ailleurs ; comment peut-on concilier tout ça ? La crédibilité des Védas ne s'en trouve-t-elle pas diminuée ?

Ramana : Des voyants différents ont vu des aspects différents de la vérité à des époques différentes, et chacun a mis l'accent sur un point de vue particulier. Pourquoi vous inquiéter devant leurs affirmations contradictoires ? Le but essentiel des Védas est de nous enseigner la nature de l'impérissable Soi et de nous montrer que nous sommes Cela.

Question : J'en conviens parfaitement.

Ramana : Alors, considérez tout le reste comme des arguments secondaires ou des explications destinées aux ignorants qui veulent connaître l'origine des choses.

Le Vedanta dit que le cosmos surgit d'un coup en même temps que celui qui le voit sans aucun processus de création progressif. Il est semblable à un rêve où le rêveur et son rêve apparaissent simultanément. Toutefois, certains sont si attachés à la connaissance objective que ce genre d'explication ne les satisfait pas. Ils veulent savoir comment une création soudaine est possible et soutiennent qu'un effet doit être précédé d'une cause. En fait, ils désirent une explication du monde qu'ils voient autour d'eux. Les Ecritures tâchent donc de satisfaire leur curiosité avec des théories de ce genre. Cette approche du sujet porte le nom de théorie de la création graduelle, mais le vrai chercheur spirituel peut se satisfaire de la création instantanée.

Question : On dit que Bouddha ne s'est pas intéressé aux questions relatives à Dieu.

Ramana : Oui, et c'est la raison pour laquelle on a affirmé qu'il était agnostique. En fait, Bouddha s'efforçait d'aider le chercheur à connaître la Félicité ici et maintenant ; les discussions académiques à propos de Dieu et les activités de ce genre ne l'intéressaient pas.

Question : L'étude des sciences, de la psychologie, de la physiologie, etc., constitue-t-elle une aide pour accéder à la délivrance par le yoga, ou à la compréhension intuitive de l'unité de la Réalité ?

Ramana : Bien peu. Une connaissance théorique est nécessaire pour le yoga et on peut la trouver dans des livres, mais c'est l'application pratique qui compte. Les modèles vivants et l'instruction par l'exemple représentent les aides les plus efficaces. Quant à la compréhension intuitive, quelqu'un peut laborieusement, peut-être, se convaincre de la vérité à saisir au moyen de l'intuition, se faire une vague idée de la fonction et de la nature de cette vérité, mais la véritable intuition relève davantage du ressenti et nécessite un contact pratique et personnel. La seule étude par les livres n'est pas d'un grand secours. Après la Réalisation, tous les bagages intellectuels sont des fardeaux inutiles qu'il faut jeter par-dessus bord.

Que vaut le savoir de ceux qui ne cherchent pas à effacer les lettres de la destinée [de leurs fronts] en se demandant :  " D'où vient notre naissance, nous qui connaissons les lettres ? " Ils sont tombés bien bas, au niveau d'un gramophone. Que sont-ils d'autre, ô Arunachala ?

C'est ceux qui ne sont pas instruits qui sont sauvés, plutôt que ceux dont l'ego n'a pas encore abdiqué, en dépit de leur savoir. Les ignorants sont sauvés des griffes implacables du démon de la suffisance ; ils ne souffrent pas de la maladie des nuées de pensées et de mots qui tourbillonnent sans répit ; leur est aussi épargnée la course aux richesses. Innombrables sont les maux auxquels ils échappent.

C'est l'illusion née de l'ignorance qui rend les hommes aveugles à ce qui est toujours et pour tous la Réalité inhérente sise en leur centre naturel du cœur, et les empêche d'y demeurer ; et, au lieu de s'y établir, ils discutent pour savoir si la Réalité existe ou pas, si elle possède forme ou non, ou si elle est non duelle ou duelle .

Une chose, quelle qu'elle soit, peut-elle apparaître en dehors de ce qui est éternel et parfait ? Ce genre de débats n'en finit pas. Fuyez-les. Retournez plutôt votre mental au-dedans et mettez un terme à tout ça. Les discussions ne sauraient aboutir.

Les Ecritures servent à signaler l'existence de la Puissance Supérieure, ou Soi, et à indiquer le chemin qui y mène. Telle est leur fonction essentielle. A part ça, elles ne servent à rien. Toutefois, elles sont volumineuses, afin de pouvoir s'adapter au niveau d'évolution de chaque chercheur. Au fur et à mesure qu'un homme s'élève, il s'aperçoit que les paliers déjà gravis ne sont que des marches menant à des degrés supérieurs, jusqu'à ce qu'enfin le but soit atteint. Quand c'est le cas, le but seul demeure et tout le reste, y compris les Ecritures, devient inutile.

Le labyrinthe compliqué de la philosophie des diverses écoles est censé clarifier les choses et révéler la Vérité, mais, en fait, il crée la confusion là où il n'en est pas besoin. Pour comprendre quoi que ce soit, il doit y avoir le Soi. Le Soi est évident, pourquoi donc ne pas demeurer en tant que Soi ? A quoi bon expliquer le non-soi ?

J'ai eu vraiment de la chance de ne l'avoir jamais pratiquée [la philosophie]. Si je m'y étais adonné, je ne me trouverais probablement nulle part, mais mes tendances naturelles me conduisirent à me demander directement : " Qui suis-je ? " Quelle chance j'ai eue !

Question : Bhagavan dit souvent : " Le monde n'est pas en dehors de vous ", ou : " Tout dépend de vous ", ou encore : " Qu'existe-t-il en dehors de vous ? " Je trouve tout cela incompréhensible. Le monde existait avant que je naisse et continuera d'exister après ma mort, comme il a survécu à la mort de tant d'êtres qui ont vécu avant moi.

Ramana : Ai-je jamais dit que le monde existe à cause de vous ? Je vous ai seulement posé la question : " Qu'existe-t-il en dehors de vous ? " Vous devriez comprendre que par le Soi on n'entend ni le corps physique ni le corps subtil.

On vous dit que si vous parvenez à connaître le Soi au sein duquel existent toutes les idées – y compris l'idée de vous-même, d'autres comme vous, et celle du monde – vous pouvez réaliser la vérité qu'il y a une Réalité, une Suprême Vérité qui est le Soi de tout le monde que vous voyez à présent, le Soi de toutes les personnalités, l'unique Réel, le Suprême, le Soi éternel, distinct de l'ego ou individu, lequel est impermanent. Il ne faut pas confondre l'ego, ou l'idée corporelle, avec le Soi.

Question : Alors Bhagavan veut dire que le Soi est Dieu ?

Ramana : Vous voyez la difficulté. La recherche de Soi-même – " Qui suis-je ? " – est une technique qui diffère de la méditation – " Je suis Shiva ", ou " Je suis Lui ". J'insiste plutôt sur la Connaissance de Soi, car vous vous préoccupez d'abord de vous-même avant d'entreprendre la découverte du monde ou de son Seigneur. La méditation " Je suis Lui " ou " Je suis Brahman " est plus ou moins mentale, mais la quête du Soi dont je parle constitue une méthode directe qui lui est supérieure. Car, dès que vous vous mettez en quête du Soi et commencez à pénétrer en profondeur, le Soi réel est là qui attend de vous recevoir et, alors, ce qui doit être fait est accompli par quelque chose d'autre et vous, en tant qu'individu, vous ne vous occupez de rien. Au cours de ce processus, tous les doutes et les débats cessent d'eux-même, ainsi qu'un dormeur oublie tous ses soucis pendant son sommeil.

Question : Quelle certitude y a-t-il que quelque chose attende là de me recevoir ?

Ramana : Quand quelqu'un est suffisamment mûr, il devient naturellement convaincu.

Question : Que faut-il faire pour atteindre cette maturité ?

Ramana : On préconise plusieurs façons d'y parvenir. Mais, quel que soit l'avancement de la personne, une sincère Recherche de Soi-Même accélère les choses.

Question : C'est un raisonnement qui tourne en rond. Je suis suffisamment fort pour la quête si je possède la maturité requise, et c'est la quête qui me donne cette maturité.

Ramana : Le mental connaît effectivement ce genre de difficulté. Il veut une théorie bien établie afin de s'en satisfaire. Cependant, en vérité, aucune théorie n'est nécessaire à l'homme qui s'efforce sérieusement de s'approcher de Dieu ou de son authentique Soi.

Tout le monde est le Soi et, de fait, infini. Pourtant, chacun confond le corps avec le Soi. Afin de connaître quoi que ce soit, l'illumination est nécessaire. Elle ne peut être que de la nature de la Lumière qui éclaire à la fois la lumière physique et l'obscurité physique. C'est-à-dire qu'elle se situe au-delà de la lumière et des ténèbres apparentes. Elle-même n'est ni l'une ni l'autre, mais on la dit lumière parce qu'elle illumine les deux. Elle est infinie et elle est conscience. La Conscience est le Soi dont nous sommes tous conscients. Nul n'est jamais éloigné du Soi et, par conséquent, tout le monde est déjà réalisé ; simplement – et voici le grand mystère – les gens l'ignorent et veulent réaliser le Soi. La réalisation consiste simplement à se débarrasser de l'idée erronée que l'on n'est pas réalisé. Elle n'est pas quelque chose de nouveau à acquérir. Il doit déjà exister, sinon il ne serait pas éternel ; et uniquement ce qui est éternel mérite tous nos efforts.

Une fois éradiquée la fausse notion " Je suis le corps " ou " Je ne suis pas réalisé ", seule demeure la Suprême Conscience ou Soi et, dans l'état actuel de connaissance, les gens appellent cela " Réalisation ". Mais, en vérité, la Réalisation est éternelle et existe déjà, ici et maintenant.

La Conscience est pure connaissance. C'est d'Elle que naît le mental, lequel est constitué de pensées.

L'essence du mental est pure conscience ou éveil. Toutefois, quand l'ego l'assombrit de nuages, elle fonctionne comme raisonnement, pensée, ou perception. N'étant pas limité par l'ego, le mental universel n'a rien en dehors de lui-même et, par conséquent, il n'est que conscient. C'est ce que la Bible veut dire par " Je suis le Je suis ".

Le mental tourmenté par l'ego voit sa force sapée et il est trop faible pour résister à des pensées pénibles. Le mental dénué d'ego est heureux, comme nous le voyons dans le sommeil profond sans rêves. Il est donc clair que bonheur et douleur ne sont que des modes du mental.

Question : Quand je recherche le " Je ", je ne vois rien.

Ramana : Vous dites ça parce que vous avez l'habitude de vous identifier au corps et d'assimiler la vue aux yeux, mais qu'y a-t-il à voir ? Et par qui ? Et comment ? Il n'y a qu'une Conscience unique qui, lorsqu'elle s'identifie au corps, se projette par les yeux et voit les objets alentour. L'individu est limité à l'état de veille ; il s'attend à voir quelque chose de différent et accepte l'autorité de ses sens. Il ne veut pas admettre que celui qui voit, les objets vus, et l'acte de voir sont autant de manifestations de la même Conscience – le " Je-Je ". La méditation aide à vaincre l'illusion que le Soi est quelque chose à voir. En fait, il n'y a rien à voir. Comment vous reconnaissez-vous maintenant ? Vous faut-il tenir un miroir devant vous pour vous reconnaître ? La conscience est elle-même le " Je ". Réalisez-le et c'est cela la vérité.

Question : Quand je m'interroge et recherche l'origine des pensées, il y a la perception du " Je ", mais ça ne me satisfait pas.

Ramana : Effectivement. Parce que cette perception du " Je " est associée à une forme, peut-être au corps physique. On ne devrait rien associer au pur Soi. Le Soi est la pure réalité dans la lumière de laquelle brillent le corps, l'ego et tout le reste. Quand toutes les pensées se sont tues, seule demeure la pure Conscience .

Question : Comment l'ego a-t-il vu le jour ?

Ramana : Il n'y a pas d'ego. S'il y en avait un, il vous faudrait reconnaître deux moi en vous. Par conséquent, il n'y a pas d'ignorance. Si vous vous interrogez quant au Soi, l'ignorance, qui est déjà inexistante, s'avèrera ne pas exister et vous direz qu'elle a fui.

L'absence de pensée ne signifie pas un vide. Il doit y avoir quelqu'un qui est conscient de ce vide. Connaissance et ignorance participent seulement du mental et de la dualité, mais le Soi les transcende tous les deux. Il est pure Lumière. Le Soi n'a nul besoin d'en voir un autre. Il n'y a pas deux Soi. Ce qui n'est pas le Soi est simplement non-soi et ne peut voir le Soi. Le Soi n'a ni vue ni ouïe ; il se situe au-delà, tout seul, en tant que pure Conscience.

Question : Je ne sais pas si le Soi est différent de l'ego.

Ramana : Dans quel état étiez-vous en plein sommeil ?

Question : Je ne sais pas.

Ramana : Qui ne sait pas ? Le moi à l'état de veille ? Mais vous ne niez pas que vous existiez en plein sommeil ?

Question : J'étais et je suis, mais je ne sais pas qui était en plein sommeil.

Ramana : Exactement. A l'état de veille, l'homme dit qu'il ne savait rien en état de sommeil profond. Maintenant, il voit des objets et sait qu'il existe, mais, en sommeil profond, il n'y avait ni objets ni spectateur. Et pourtant, la même personne qui parle à présent existait aussi en plein sommeil. Quelle différence y a-t-il entre les deux états ? A présent, il y a des objets ainsi que le jeu des sens, qu'on ne trouvait pas dans le sommeil profond. Une nouvelle entité, l'ego, est apparue. Elle agit par l'intermédiaire des sens, voit des objets, se confond avec le corps et prétend être le Soi. En réalité, ce qui était en plein sommeil continue également à être maintenant. Le Soi est constant, immuable. C'est l'ego qui est venu entre-temps. Ce qui se lève et se couche est l'ego. Ce qui reste invariable est le Soi.

La veille, le rêve et le sommeil ne sont que des phases du mental, pas du Soi. Le Soi est le témoin de ces trois états. Votre véritable nature existe dans le sommeil.

Question : Mais il est conseillé de ne pas s'endormir pendant la méditation.

Ramana : Il faut se garder de ces accès de stupeur. Ce sommeil qui alterne avec la veille n'est pas le vrai sommeil. Cette veille qui alterne avec le sommeil n'est pas la véritable veille. Etes-vous éveillé maintenant ? Non. Il faut vous éveiller à votre état véritable. Vous ne devriez, ni sombrer dans un faux sommeil, ni rester faussement éveillé.

Bien que présent même dans le sommeil, le Soi n'est pas perçu à ce moment-là. On ne peut le connaître dans le sommeil tout de suite. Il doit d'abord être réalisé à l'état de veille, car c'est notre vraie nature sous-jacente à l'ensemble des trois états. Il faut faire un effort à l'état de veille et réaliser le Soi ici et maintenant. On comprendra alors qu'il est bien le Soi continu ininterrompu par les diverses phases de la veille, du rêve, et du sommeil profond.



lundi 11 avril 2011

NISARGADATTA MAHARAJ 1897-1981


A partir du moment où l'être humain devient conscient, il cherche à être de plus en plus heureux. C'est l'origine de toutes les formes d'activité dans l'univers. C'est ainsi que l'univers lui-même a atteint l'existence, par l'intermédiaire de la forme atomique [atmique] de la conscience.
Mais quelle est cette conscience atomique ? Il n'y avait rien - pas même rien, aucun semblant - avant qu'apparaisse la connaissance de soi. Dans cet état sans état s'est dressé la connaissance de l'existence, la prise de conscience de son propre être.

En fait, il n'y avait ni temps, ni espace, ni cause. La conscience était sans cause, il est donc futile de vouloir en chercher une. Il n'avait pas de temps, on ne peut donc pas la dater. Il n'y avait pas d'espace, on ne peut pas non plus la situer. Voilà pourquoi les Védas, Shrutis et les grands yogis, comme Shankara, déclarent, s'appuyant sur l'expérience intuitive, qu'il n'y a ni cause, ni temps, ni espace. Il n'y avait pas non plus de soleil, car il n'y avait pas d'espace lui permettant d'exister, et pourtant la conscience atomique était là, elle était ressentie comme telle et il n'y avait rien d'autre.

Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait rien, ni au-dessus, ni au-dessous, à même d'en prendre conscience. Seule la conscience d'être était là. Combien de temps a duré cet état ? Il n'existe aucune possibilité de réponse. Le grand miracle est que cet état d'existence était présent et avec lui un désir cosmique et sa réalisation immédiate. C'est ainsi que le miracle s'est matérialisé, miracle désigné plus tard par le mot Dieu.

En conséquence l'homme était convaincu que partout où il y avait Dieu, il y avait miracle et que partout où il y avait miracle, il y avait Dieu. Cette conviction l'a conduit à souhaiter que Dieu lui soit propice. Mais il n'est pas parvenu à comprendre la nature essentielle de Dieu. Chaque peuple différent possède sa forme particulière de dévotion et cette forme se perpétue. Que Dieu et ses miracles soient une seule chose est exacte, mais l'interprétation de cette vérité est multiple. Ici par exemple, elle est différente de ce qu'elle est ailleurs ; pour eux Dieu est unique, pour nous c'est le contraire.


Nisargadatta Maharaj
Celui qui ne désire que la vision de Dieu, rien d'autre, peut seul la découvrir, comprenez cela. Et la merveille des merveilles est qu'il atteint également la béatitude. Seule la scintillante conscience du Commencement participe à cette béatitude, car elle seule a la nostalgie de l'harmonie parfaite.

La conscience a traversé de multiples incarnations. Ces incarnations sont des changements de forme, de qualité et de situation correspondant aux intérêts et aux désirs de cette conscience. Quelle est l'origine de tout cela ? C'est la persistance de ces désirs, de ses "vouloirs". Une des qualités de la conscience est la possibilité spontanée de prendre toute forme souhaitée. La conscience atomique primordiale est en accord avec ces "vouloirs" et leur réalisation est instantanée. C'est ainsi que la conscience est devenue multiple et omniprésente.

Cet ensemble - chacun dans sa nature et forme propre - bien qu'apparemment multiple est unique dans son essence, il a seulement étendu son être et inclus toutes ses possibles variations. L'énergie d'un atome unique s'est diversifiée en un grand nombre de centres, chacun possédant ses propres particularités et sa propre volonté. Cette situation a créé de multiples conflits. À chaque instant la volonté de ces centres innombrables s'exerce de façon différente. Chaque "vouloir" entrant en lutte avec les autres, il ne pouvait en résulter qu'une grand confusion.

Généralement, l'atome de volonté ignore le "pourquoi" et le "comment" de son désir, mais sa réalisation se doit d'être là. Le résultat concret des désirs de ce "vouloir" atomique peut être observé au moment de la destruction cosmique, quand l'univers entier est réduit en cendres.

Mais les "vouloirs" imprégnés d'amour ne sont pas, eux, tous effacés. Les grands moments de joie de ce monde sont dus à ces "vouloirs". La qualité de l'énergie individuelle alimentant le vouloir est toujours opérante, elle appartient à son essence et relève de la Force Première.

Personne ne peut devenir conscient de soi-même en dehors de cette qualité. Quiconque a l'expérience du Soi le doit à cette qualité. Se considérer comme quoi que ce soit d'autre est un péché, une dégénérescence ; c'est créer la dualité. L'énergie primordiale qui a scintillé à l'origine a éprouvé un désir, à la suite de quoi elle est devenue multiples centres de "vouloir". En réalité elle est une et homogène mais, en raison de l'ignorance, elle paraît hétérogène. La créature se considère comme une chose différente mais, en réalité, il n'y a aucune transformation de la fibre originelle. La seule chose différente est cette idée stupide de différence. Elle peut être effacée par la pratique de upasana. Par cette pratique l'unité ultime sera atteinte.

Il a été déclaré plus haut qu'il n'y ni temps, ni espace, ni cause, au moment du premier frémissement de l'énergie atmique. À quoi bon, direz-vous, parler de toutes ces caractéristiques et ces différents concepts ?

La raison est la suivante. Le tressaillement de cette énergie atomique est nommé par le Vedanta : Le Grand Principe. La qualité essentielle de ce principe est la conscience. Cette conscience, "consciente d'être consciente", se déploie instantanément en éther [akasha]. Comment pourrions-nous être conscient du temps si cette conscience n'existait pas ? Ce vaste déploiement de l'éther est l'espace. On peut en déduire que les trois ne sont qu'un Seul, Unique Grand Principe.

C'est une seule qualité qui a transformé ce principe en espace, temps et cause. Ensuite sont apparus les trois Gunas et les cinq éléments. La rapidité de cette opération est littéralement inconcevable. La conscience se transforme en éther, qui a son tour devient espace. Le scintillement originel s'est déployé en espace et il est devenu air. L'air a réuni sa force vive et le feu est né à l'existence. La vibration du feu s'intensifia, il devint froid et là était l'eau. L'eau se refroidit encore et elle se transforma en terre.

Toutes ces caractéristiques des formes précédentes sont cristallisées dans la terre et les vibrations de ces formes se trouvent en elle. En vertu de ces différentes qualités sont apparus d'innombrables êtres vivants et d'innombrables végétaux ; mais au sein de tous le tressaillement de la Force Première est présent.

Le scintillement originel qui a précédé l'éther est présent dans chaque électron, dans chaque proton et il augmente continuellement sa puissance. Aussi longtemps que la palpitation de l'atome est effective, chacun de ses éléments est en mouvement. Le Principe originel imbibe l'ensemble de la manifestation et tous ses composants. Qu'ils soient matière inerte ou êtres vivants, la Force Première est en eux continuellement agissante.

La créature ignorante pense qu'elle peut "faire" quelque chose, que cela peut être bien ou mal ; elle se ressent comme heureuse ou malheureuse. mais la conscience originelle ne perçoit rien d'autre qu'elle-même.

Elle n' a pas d'organes, néanmoins elle agit au travers d'innombrables organes. Elle n'est jamais polluée et ne pourra jamais l'être. La conscience, enfermée dans cette structure physique dérisoire, souffre de ses propres limitations. Les multiples centres de conscience entourés d'adjonctions limitatives, pensent être différents de la source originelle. Mais il n'y a qu'un être, qu'un esprit, qu'une qualité ; sans forme, sans parties, au-delà du temps, au-delà de l'espace, débordante d'immensité : la pure conscience qui est Une.

Il n'y a là aucune possibilité de différence, de distinction. Tout arrive au moment voulu en accord avec la loi qui nous domine tous. Mais la créature, abusée par le souci de désirs dérisoires, de "moi" et de "mien", souffre inutilement ; elle se limite seulement à sa personne. Mais tout se matérialise au moment adéquat. Quand Ravanah devient intolérable, Râma apparaît pour vous soulager. Quand Kama devient tyran, Krishna est là pour la contrer.

Voilà comment se maintient l'alternance des hauts et des bas. La force qui contrôle tous ces événements est toujours la même. Elle ne change jamais. Il n'est pas possible qu'il existe un Dieu à une époque et un Dieu différent à une autre, c'est pourtant ce que pense la créature ignorante. Un élément unique donne naissance à la magnificence de cet univers manifesté. En l'absence de cet élément simple, il n'y a qu'absolu silence.

Quand cette qualité unitive est reconnue et totalement acceptée, le cœur se fond dans le Cœur, la confidence dans le Confident. Il existe alors un sens suprême de l'unité originelle de toutes choses, un sens de l'inaliénable et mutuelle unité de toutes choses. Et en plus, une claire conscience de l'appartenance à l'Un de tous les différents caractères présents dans la manifestation. Alors la suprême réalité est atteinte ; c'est appelé le Soi suprême. Tout temps, tout espace et toutes causes sont devenus Un pour l'éternité. Seul l'Un est omniprésent et éternellement actif. Il ne connaît ni gain, ni perte, ni mort. Il est non-né, sui-generis, éternel et pourtant il naît à chaque instant et se manifeste à chaque époque. Toute connaissance intellectuelle et spirituelle s'arrête ici.

Texte écrit en marathi par Nisargadatta Maharaj dans les années 1950

COMMUNION

Le niveau le plus profond de la communication n'est pas  la communication, mais la communion. C'est sans mot. C'est au-delà des mots, au delà du langage et au delà des concepts. Nous ne découvrons pas une nouvelle unité, nous découvrons l'ancienne. Mes chers frères, nous sommes déjà un, mais nous imaginons que nous ne le sommes pas. Ce que nous avons à découvrir est notre unité originelle. Ce que nous devons être est ce que nous sommes.

Recherche le royaume de l'Amour

Recherche le royaume de l'Amour
Car ce royaume te fera échapper
à l'ange de la mort.
Je suis l'atome, je suis le globe du Soleil,
A l'atome, je dis : demeure.
Et au soleil : arrête-toi.
je suis la lueur de l'aube,
je suis l'haleine du soir,
Je suis le murmure du bocage,
la masse ondoyante de la mer.
Je suis l'étincelle de la pierre,
l'oeil d'or du métal...
Je suis a la fois le nuage et la pluie,
j'ai arrosé la prairie.
Purifie-toi des attributs; du moi,
afin de pouvoir contempler
ta propre essence pure
Contemple dans ton propre coeur
toutes les sciences des prophetes,

SANS LIVRE, SANS PROFESSEUR,SANS MAITRE

Djal Od Dîn Rûmi

vendredi 1 avril 2011

LA VOIE NEGATIVE. Wei Wu Wei.


      L'illumination par la non-action 
 Toute soi-disant volonté est une manifestation du je-concept. Qui recherche l'illumination ? Dans la mesure où cette dernière est recherchée sous la contrainte du je-concept, comment pourrait-elle être atteinte ? 
 D'autre part, aussitôt que disparaît le je-concept, on la sent comme ayant toujours été présente. 
 Mais le je-concept ne désire qu'une pseudo-illumination, par laquelle il peut prétendre être sage ; l'accomplissement, impliquant son propre anéantissement, n'apparaît pas désirable du tout, et il placera sur sa route tous les obstacles possibles. 
 Ceci est la raison pour laquelle toute "méthode", "discipline", etc... assujétie au je-concept est nécessairement un chemin qui nous éloigne de chez nous. Etant donné que toute action qui n'est pas une non-action, et ne peut être spontanée, se trouve accomplie sous la contrainte du je-concept --car il n'y a pas d'autre "acteur", j'entends d'autre acteur véritable -- l'illumination ou satori ne peut être que la conséquence de la non-action. 
 L'éveil est un rajustement
 L'éveil est un rajustement. Cet état d'Éveil est toujours présent et constitue notre nature normale, permanente et véritable --ainsi que ne cessent de nous le dire les maîtres de toutes les doctrines -- mais l'expérience consciente nous en est refusée de par une déviation de la subjectivité vers un concept qui, en tant que tel, n'existe pas, et qui est notre objet apparaissant dans la conscience comme son propre sujet. Jusqu'à ce que ce spectre soit exorcisé en étant mis à nu, la subjectivité se trouve entravée, et nous ne pouvons la connaître telle qu'elle est en fait. 
 Réflexion sur la notion de "Vide" (Shunyata, Ku) 
 "Absoluité" ultime et inconditionnée est négative et vide 
 Soyons clairs ; exprimons-nous sur ce point à la manière occidentale ; tentons de comprendre en quoi consiste exactement cette idée d'un vide -- car il s'agit d'une idée comme toute autre. 
Le monde phénoménal, objectif et relatif des impressions sensibles est une interprétation, fournie par le mental divisé et "raisonnant" (opérant par comparaison d'opposés), du noumène, d'Absolu, du sujet (que vous considériez ces derniers comme différents, ou comme aspects d'un tout), qu'il s'avère incapable de percevoir de manière directe. Et le contraire, avec quoi tout ce qui ici est en question doit être identifié, se dénomme Vacuité. Comme le Vide, il constitue la contrepartie du Plein (plenum), et toutes ces qualités, ces dharmas, traités comme s'ils étaient des "choses", sont par conséquent des éléments de cette plénitude. Un vide cependant, est une négativité totale. Si vous pensez à "Absolu" ou à "Etre", comme on vous enseigne à le faire, vous présumez quelque chose de positif, et chacun de ces positifs est inévitablement accompagné de son négatif, que nous devons intituler "Non-Absolu" et "Non-Être". C'est ce négatif qui est le Vide ou la Vacuité, et ce négatif implique son plenum (plein) consécutif, de telle manière que ce Vide, étant ce qui n'est pas, est également ce qui paraît être, c'est-à-dire la Non-manifestation manifestée --qui est l'univers phénoménal et apparent, ou Samsara.
 Ceci constitue certainement l'authentique message de ces sutras --savoir que notre intuition doit appréhender la vérité négative du Vide afin de comprendre que son élément positif est Apparence et que c'est ainsi, et non de manière inverse, qu'ils doivent être vus, si leur identité doit être assimilée et non simplement présumée. 
 La "véritable nature" de toute manifestation est Non-nature, et il en va ainsi de toutes les idées "d'Absoluité" et "d'Être" --qui constituent des concepts ou dharmas. Ils sont négatifs ou vides, de manière directe, et ne sont positifs et relatifs que de manière indirecte. 
 Aperçu sur l'esprit-bodhi ? 
 Commentaire : Ce texte décrit les aller-retours que peut connaître la conscience du chercheur sur la Voie. L'aperçu de la conscience déconditionnée, et son évanescence... Mais cela est vision de cette rive-ci. Cela vous fera comprendre les nuages qui couvriront encore quelques temps votre ciel bleu... Mais cela ne vous fera pas percer la croûte nuageuse... Courage donc dans la nuit de l'âme chère à Jean de La Croix... 
 "A mesure que nous suivons l'impulsion de notre nature fondamentale et que nous comprenons davantage, il semble naître en nous une conscience autre que la conscience congénitale qui a grandi avec nous et qui résulte de l'expérience psychosomatique. Cette conscience apparemment nouvelle se nourrit d'intelligence intuitive et gagne en puissance et en promptitude en même temps que s'approfondit la compréhension. Elle semble être indépendante de notre psyché terrestre et fonctionner dans une dimension supplémentaire du mental, bien qu'elle puisse se manifester de par nos facultées intellectuelles et émotives. L'une est assujéttie au temps et égocentrique, l'autre apparaît comme intemporelle et détachée de toute notion évidente du "je-concept". 
 Tandis que cette conscience nouvelle augmente en intensité, nous souffrons avec plus d'acuité du contraste qui existe entre elle et le psychisme influencé et contrôlé par le je par lequel nous sommes toujours pénétrés. Nous ressentons de plus en plus profondément que nous ne sommes pas le reflet du monde de "l'état de conscience" que nous sommes conditionnés à connaître comme notre moi, et que nous sommes ce nouvel état de conscience dans lequel notre identité semble se dissoudre. 
 Néanmoins l'étreinte de la psyché égocentrique s'empare à nouveau de nous chaque fois que nous cherchons à fondre notre identité dans l'intemporel et, désespérant qu'il vienne jamais, nous aspirons au jour où nous aurons le pouvoir de perdre notre moi dans l'universalité de la conscience qui s'est développée "derrière" et "au-delà" de notre éternel bourreau. Nous sentons alors que nous serons cet état de conscience et cesserons d'être "je" ; en fait, nous semblons déjà savoir que nous sommes cette conscience et que notre "je" est une mascarade. 
 Lorsque la pénétration de cette "conscience transcendante" est puissante, nous avons tendance à ne plus considérer les choses vivantes commes des objets indifférents ou hostiles mais comme faisant partie de nous-mêmes ; ou plutôt, comme d'autre parties d'un tout qui est cette nature qui nous entoure tous --bien que ces méthodes de compréhension quelque peu différentes ne semblent pas être alors tellement différentes. 
Au sein de cet état de conscience, "l'amour-haine" cède la place à une affectivité plus pure, ressemblant à la "bénédiction-compassion" ; l'"enthousiasme-détresse" passe à la sérénité ; l'avidité, l'envie, la peur, l'orgeuil et les autres formes d'émotion ternies par l'ego sont suspendues ou sont représentées par l'affectivité pure elle-même. (...) 
 Mais avons-nous développé ce nouvel état de conscience ? Cet état est-il "nouveau" et est-il réellement "nôtre" ? Ou est-ce au contraire quelque chose d'omniprésent, à quoi nous avons accordé un accès formel par où il puisse prendre possession de nous quand il le peut ? Pourrait-il être l'un et l'autre ? C'est-à-dire à la fois notre propre nature essentielle, dont nous sommes devenus partiellement conscients, et un aspect du mental universel que nous sommes désormais en mesure d'appréhender ; est-il nôtre, dans la mesure où le phénomène que constitue chacun d'entre nous en arrive à le reconnaître comme son "soi", et en même temps représente-t-il un aspect du mental universel dans la mesure où il nous est devenu perceptible par l'intermédiaire de nos facultés phénoménales ? 
 Il est une chose qu'au moins nous connaissons, et que nous ne pouvons pas ne pas connaître : cet état de conscience est plus véritable que le reflet de l'état de conscience contrôlé par le "je" en lequel il nous est impossible de croire plus longtemps, et dont le corollaire est : rien ne nous importe autant que d'en accroître la puissance et la promptitude afin qu'il prenne possession de nous entièrement et une fois pour toutes. 
 Il est cependant une autre chose que nous connaissons plus clairement encore, c'est la nature de la barrière qui nous empêche de devenir ce que nous reconnaissons à présent que nous sommes. Cette barrière se révèle de façon flagrante, et constitue la croyance conditionnée suivante : que le dispositif psychosomatique, qui dans l'existence phénoménale porte le nom que nous savons être le nôtre, est notre moi. Cela seul est ce qui nous maintient dans la servitude. Qu'est-ce alors ? Un expédient conceptuel qui a acquis une réalité imaginaire tandis que l'absoluité qui est derrière notre apparence psychosomatique n'est pas ce concept ? En effet, et si nous pouvons détruire cette réalité imaginaire, l'expédient conceptuel qui est dépend cessera d'être. Cela revient-il à noyer un homme afin de le guérir ? Oui, car cet homme est le "vieil homme" qui doit mourir afin que "l'homme nouveau" puisse naître. Oui encore, car la totalité de cette pseudo-réalité doit nécessairement être vue comme non-réalité, afin qu'Absolu puisse être aperçu --et ceci constitue le message suprême du Tathagata dans le Sutra du Diamant (...). " 

Extraits de: Wei Wu Wei, La voie négative, Éditions De la différence, Paris, 1977.